La guerre en Ukraine est-elle en train de prendre un tournant décisif?
Kiev a en effet récemment déployé des missiles longue portée – livrés par des pays de l'OTAN – pour renforcer son offensive en Crimée et reconquérir la péninsule de la mer Noire, annexée en 2014 par la Russie.
L'accord de l'Occident pour des attaques aériennes et maritimes en Crimée constituerait un «changement significatif du scénario», a même titré «El Pais», le plus grand journal espagnol: «Il y a encore quelques mois, Washington, Berlin et Paris considéraient la Crimée comme une ligne rouge susceptible d'aggraver encore le conflit. Pour le Kremlin et pour la plupart des Russes, la Crimée est une partie inaliénable de leur identité nationale.»
Attention à la «ligne rouge» fixée par la Russie
La chute de la Crimée serait un triomphe pour Kiev, qui s'emparerait du «joyau de la couronne». Le fait de hisser le drapeau ukrainien à Sébastopol n'ébranlerait pas seulement ce qu'il reste de confiance des Russes en leur président Vladimir Poutine. Le risque d'escalade est, lui aussi, bien réel.
Car Moscou pourrait riposter violemment en cas d'attaque majeure de ce territoire militairement et stratégiquement important. L'invasion de la Crimée par Kiev franchirait la «ligne rouge» fixée par Moscou, avait d'ailleurs averti il y a quelques mois l'ancien secrétaire américain à la Défense Robert Gates.
Des missiles jusqu'à sept fois plus performants
En 2022, des missiles Himars américains d'une portée de 80 kilomètres avaient été utilisés pour neutraliser certaines bases de commandement et arsenaux militaires russes. Mais pour cette offensive en Crimée, les forces armées ukrainiennes miseront désormais sur le missile de croisière franco-britannique Storm Shadow.
Ce missile est la première arme de longue portée que les alliés ont livrée à l'Ukraine. Capable de parcourir 550 kilomètres – soit sept fois plus que les Himars –, ces missiles ont été qualifiés de «fers de lance» par «El Pais».
L'Ukraine bombarde encore et encore la Crimée
Depuis près d'un mois, l'Ukraine a intensifié ses attaques en Crimée. Pour preuve:
- Le 13 septembre, la base navale militaire de Sébastopol se faisait bombarder, un sous-marin et un navire de débarquement russes ont été endommagés.
- Le 20 septembre, le deuxième centre de commandement de la flotte russe en mer Noire était partiellement détruit.
- Le 21 septembre, la base aérienne de Saky, la plus importante base aérienne de Russie sur le territoire ukrainien, était de nouveau attaquée.
- Le vendredi 22 septembre, l'armée ukrainienne lançait une attaque combinée de drones et de missiles de croisière sur la Crimée: «Après avoir touché le quartier général de la flotte russe de la mer Noire, 34 officiers sont morts, dont le commandant de la flotte russe de la mer Noire», avait annoncé le service de presse des forces spéciales auprès de l'armée ukrainienne. Le commandement russe n'avait toutefois pas confirmé la mort du chef de la flotte Viktor Sokolov.
- Le lendemain à peine, un missile ukrainien détruisait un dépôt de carburant de la flotte russe en Crimée. Selon le chef d'occupation russe de la région, Mikhaïl Razvojaïev, il s'agissait d'une «démolition contrôlée» du quartier général de la flotte russe en mer Noire à Sébastopol.
L'attaque la plus intense arrive-t-elle bientôt?
Samedi dernier, Kiev a demandé à ses ressortissants de quitter la Crimée et d'attendre la libération de la péninsule.
La vice-Première ministre du pays, Iryna Verechtchouk, a ainsi exhorté les Ukrainiens à fuir la péninsule occupée par la Russie, jusqu'à ce que la situation se calme. «J'exhorte une nouvelle fois les Ukrainiens à quitter la Crimée si possible», a-t-elle déclaré sur son canal Telegram. Et de conclure: «Attendez dans un territoire contrôlé ou dans des pays tiers la libération de la péninsule.»