«Tous ceux à qui j'en ai parlé sont enthousiastes»
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Trump veut reprendre Gaza:«Tous ceux à qui j'en ai parlé sont enthousiastes»

Tollé à l'international
Le nouveau plan de Trump pour «prendre le contrôle» de Gaza à long terme

A l'issue d'une rencontre avec Benjamin Netanyahu, Donald Trump a affirmé mardi vouloir «prendre le contrôle de la bande de Gaza» et déplacer les Palestiniens hors de leur territoire. Des déclarations qui ne passent pas auprès des leaders du Moyen-Orient.
Publié: 06:01 heures
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Dernière mise à jour: 10:21 heures
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien et Donald Trump, président américain, se sont rencontrés mardi 4 février dans le Bureau oval.
Photo: Getty Images
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Solène MonneyJournaliste Blick

Au lieu d'apaiser la situation au Moyen-Orient, Donald Trump risque de l'enflammer. Dans la soirée du mardi 4 février, il a déclaré que les Etats-Unis allaient «prendre le contrôle de la bande de Gaza» et en devenir «propriétaire à long terme», lors d'une conférence de presse au côté du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. 

Quant aux 2,2 millions d'habitants? Le président américain souhaite les déplacer massivement vers un «bon, frais et beau morceau de terre» fourni par un ou plusieurs pays de la région, mettant la pression sur l'Egypte et la Jordanie. Pour le milliardaire, nul doute que les Palestiniens «adoreraient quitter la bande de Gaza», lieu ravagé par quinze mois de guerre où «on ne peut plus y vivre». «Gaza ne doit pas être reconstruite et occupée par les mêmes personnes [le Hamas]», a ajouté Donald Trump. 

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Après les réunions, Donald Trump a déclaré qu'un effort de reconstruction américain à Gaza créerait «un développement économique qui fournirait un nombre illimité d'emplois et de logements aux habitants de la région». Cependant, il n'a pas précisé quelles personnes en profiteraient.

L'ancien promoteur immobilier imagine déjà faire de ce territoire «la Côte d'Azur du Moyen-Orient», une idée folle qu'il avait déjà évoquée en janvier. «Nous avons l'occasion de faire quelque chose qui pourrait être phénoménal», a insisté le président américain, en vantant le climat et l'accès à la mer. Pour ce faire, il souhaite «aplanir la zone et se débarrasser des bâtiments détruits». Bien-sûr, ses déclarations n'ont pas tardé à faire bondir les leaders politiques de la région. 

L'armée américaine sur place?

Interrogé sur le déploiement de troupes américaines pour reprendre Gaza, Donald Trump n'a pas exclu cette possibilité: «En ce qui concerne Gaza, nous ferons ce qui est nécessaire. Si c'est nécessaire, nous le ferons. Nous allons reprendre cette partie du territoire et la développer.» Une position étonnante pour celui qui a été critique tout au long de sa campagne électorale sur les longues guerres menées par les Américains au Moyen-Orient. 

Pour Donald Trump, son plan ne peut être que positif: «Je vais apporter une grande stabilité à cette partie du Moyen-Orient, et peut-être à tout le Moyen-Orient. Toutes les personnes à qui j’ai parlé aiment l’idée que les Etats-Unis prennent le contrôle de ce territoire.» «Ce n’est pas une décision prise à la légère», a assuré le président américain. Pourtant, les Palestiniens semblent être les grands absents de cette prise de position. Et les réactions dans la région ne semblent pas s'aligner sur la vision du président américain.

Tollé international

L'ambassadeur palestinien aux Nations-Unies (ONU), Riyad Mansour vient contredire les propos de Donald Trump: Les Palestiniens «veulent reconstruire Gaza, reconstruire les écoles, les hôpitaux, les routes, les infrastructures, les bâtiments et les maisons parce que c’est leur place, et ils adorent vivre là. Je pense que les dirigeants et les peuples devraient respecter les souhaits du peuple palestinien», a-t-il insisté devant la presse.

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L'ambassadeur en veut pour preuve les centaines de milliers de personnes ayant fait le trajet à pied du sud vers le nord après l'entrée en vigueur le 19 janvier du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. «Les Palestiniens ont choisi d'y retourner», a martelé Ryad Mansour. 

Izzat al-Rishq, membre du bureau politique du Hamas, s'est également fendu d'un communiqué: «Les déclarations de Trump sont racistes et constituent une tentative flagrante de liquider notre cause palestinienne et de nier nos droits nationaux établis.»

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L'Arabie saoudite a également tenu à répondre aux déclarations de Donald Trump. Celui-ci affirme que Ryiad ne réclame plus la création d'un Etat palestinien comme condition sine qua non à la normalisation des relations avec Israël. Benjamin Netanyahu allant même jusqu'à assurer qu'un accord avec l'Arabie saoudite allait «se faire». Le Royaume a démenti: «Le ministère des affaires étrangères affirme que la position du Royaume d’Arabie saoudite sur la création d’un Etat palestinien est une position ferme et inébranlable.»

Et Netanyahu?

Assis au côté de Donald Trump dans le Bureau ovale, Benjamin Netanyahou était tout sourire. Il en a profité pour couvrir d'éloges son homologue américain: «Vous dites des choses que les autres refusent de dire. Et après, les gens se grattent la tête et disent: 'Vous savez, il a raison'.». Il a également attribué au président républicain le succès du cessez-le-feu du 19 janvier passé. 

Le Premier ministre israélien était à Washington pour prendre le pouls de Donald Trump sur les prochaines phases du cessez-le-feu. Mais, la courtoisie entre les deux hommes lors de la conférence de presse ne pourrait être que de façade. Ils étaient proches alliés lors du premier mandat du président républicain. Cependant, leur relation s'était dégradée lorsque Benjamin Netanyahu avait félicité Joe Biden pour sa victoire en 2020.

Donald Trump avait ensuite critiqué en public et en privé le Premier ministre israélien. Mais aujourd'hui, la décision du nouveau président américain d'accueillir le dirigeant israélien comme premier invité international, suggère plutôt une envie d'améliorer et de renforcer leur relation. Donald Trump a déjà annoncé vouloir se rendre en Israël, ainsi qu'à Gaza, en Arabie saoudite «et dans plein d'autres endroits partout au Moyen-Orient». Au vu de ses déclarations de mardi soir, l'accueil pourrait y être glacial. 

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