Des rues transformées en torrents de boue, des habitants «pris au piège» et «effrayés»: dans le sud-est de l'Espagne, les inondations meurtrières survenues mardi soir et dans la nuit de mercredi ont semé le chaos, mettant à rude épreuve les services de secours, sollicités de toutes parts.
«Nous sommes coupés de toute communication (…) Les routes sont toutes coupées, les ponts sont coupés, ils ont parfois même disparu»: habitant de Ribarroja del Turia, dans la banlieue de Valence, José Manuel Rellán raconte avoir vécu la nuit dernière un cauchemar.
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Dans la région, «certaines communes ont reçu 500 litres d'eau par mètre-carré en douze heures seulement. Et le résultat, c'est ce que vous voyez», se désole auprès de l'AFP cet Espagnol de 49 ans, en désignant l'eau boueuse encore visible dans les rues de sa commune.
Dans cette ville de 22'000 habitants limitrophe de Valence, les trombes d'eau tombées durant la nuit ont fait sortir de son lit la rivière Turia et pris au piège de nombreux habitants, coincés dans leurs voitures ou dans leurs logements.
Des employés passent la nuit au travail
Des centaines de salariés ont ainsi dû passer la nuit dans leur entreprise, faute de pouvoir rentrer chez eux. «J'ai beaucoup d'amis qui ont tout perdu. Leur maison, leur voiture, ils ont tout perdu... L'usine où je travaille a été détruite. C'est difficile, parce qu'on ne sait pas ce qui va se passer maintenant», confie M. Rellán, les traits tirés.
Conseillère municipale de cette commune, Esther Gómez évoque une nuit de stress et de chaos, où les services de secours ont été mis à rude épreuve. «En quelques minutes, nous sommes passés d'un endroit tranquille» à une situation de «débordement total», raconte l'élue.
«Les gens ont fait ce qu'ils pouvaient. Les services de sécurité ont été dépassés, ils n'ont pas pu atteindre tous les lieux touchés», explique cette quinquagénaire. Une telle situation «ne s'était pas produite depuis de nombreuses années, nous avons peur», insiste-t-elle.
Au moins 72 morts
Selon les autorités, 72 personnes au moins sont décédées à cause des intempéries, qui ont détruit de nombreuses infrastructures, entraîné des coupures de routes et la suspension de certaines lignes de train. Près de 155'000 personnes restaient, par ailleurs, privées d'électricité mercredi.
À La Alcudia, commune de 13'000 habitants située à 40 kilomètres de Valence, 150 litres d'eau par mètre carré sont tombés en quelques heures, faisant sortir de son lit la rivière Magro, qui a emporté avec elle des dizaines de voitures et fait plusieurs victimes.
«La commune est sans dessus dessous», a confié à la télévision publique TVE une habitante, Eva Sanz, en racontant avoir eu «très peur» face à la montée des eaux. «La rivière est montée en trois ou quatre minutes, en très peu de temps. Ça a changé complètement le panorama».
«Malheureusement, la situation météorologique a fait que les ressources, les unités d'urgence et de secours n'ont pas été en mesure d'atteindre physiquement l'ensemble de la zone touchée», a expliqué lors d'une conférence de presse José Miguel Basset, chef des pompiers de la région de Valence.
«Nous avons secouru près de 200 personnes la nuit dernière, nous avons accueilli ces personnes dans les casernes de pompiers, nous leur avons fourni un abri, du matériel, mais la situation est très compliquée», des personnes étant encore «bloquées» sur des routes, a-t-il ajouté.
Selon le gouvernement central, qui a décrété trois jours de deuil national, un millier de militaires ont été déployés dans la région, aux côtés de 1500 policiers et gendarmes. Avec comme mission prioritaire de retrouver les nombreuses personnes encore portées disparues.