Synthèse du jour
Boris Johnson à Kiev, l'Ukraine craint une offensive russe imminente

Alors qu'une offensive russe est pressentie par beaucoup d'observateurs, le Premier ministre britannique Boris Johnson a rendu visite au président ukrainien à Kiev.
Publié: 09.04.2022 à 23:15 heures
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Dernière mise à jour: 09.04.2022 à 23:16 heures
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Photo prise et transmise par la présidence ukrainienne le 9 avril 2022 montrant la rencontre entre Le Premier ministre britannique Boris Johnson et le président ukrainien Volodymyr Zelensky peu avant leur entretien à Kiev
Photo: STRINGER

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a effectué une visite surprise à Kiev samedi et promis de nouvelles armes à l'Ukraine, où la menace d'une nouvelle offensive russe imminente pousse la population à fuir l'est du pays, au lendemain d'une frappe russe meurtrière devant la gare de Kramatorsk.

«Aujourd'hui j'ai rencontré mon ami le président Zelensky à Kiev afin de montrer notre soutien indéfectible au peuple ukrainien», a tweeté Boris Johnson après la rencontre.

Il s'est engagé à fournir à l'Ukraine des véhicules blindés et des missiles antinavires, rendant hommage à l'armée ukrainienne pour «le plus grand fait d'armes du 21e siècle» qui a permis de mettre en échec «les desseins monstrueux de Poutine», selon un communiqué de Downing Street.

Sur la chaîne Telegram du président Volodymyr Zelensky, plusieurs photos du président ukrainien, toujours en tenue kaki, accueillant Boris Johnson en costume-cravate devant le siège de la présidence à Kiev et à l'intérieur.

Boris Johnson est le premier dirigeant du G7 a se rendre dans la capitale ukrainienne, menacée d'un assaut et bombardée il y a encore une semaine, et où Volodymyr Zelensky s'est retranché depuis le début de l'invasion russe le 24 février, forçant le respect du monde entier.

«Cette visite est une manifestation du soutien résolu, puissant et permanent de l'Ukraine par la Grande-Bretagne», a commenté le président ukrainien dans un communiqué. «Nous l'apprécions et nous nous en souviendrons toujours».

Londres, en pointe dans les condamnations de la politique du Kremlin, a notamment fourni dès les débuts de précieuses armes antichar à l'armée ukrainienne et n'a pas hésité à sanctionner les oligarques russes dont la présence massive lui avait donné un temps le sobriquet de «Londongrad».

«L'ennemi continue de frapper»

Au même moment dans l'est du pays, où un missile russe a fait plus de 50 morts vendredi parmi les centaines de civils rassemblés devant la gare de Kramatorsk dans l'espoir de monter dans un train et de fuir vers l'ouest, on se préparait au pire.

«L'ennemi russe continue de se préparer pour intensifier ses opérations offensive dans l'est de l'Ukraine et prendre le contrôle total des régions de Donetsk et de Lougansk», dans le Donbass, a déclaré l'état-major de l'armée ukrainienne samedi sur Facebook.

Outre la poursuite des combats pour prendre le contrôle des villes clés de Marioupol, au sud, et d'Izioum plus au nord, «l'ennemi continue de frapper avec des missiles des cibles civiles dans toute l'Ukraine», a averti l'état-major.

A Lyssytchansk, une petite ville de la région de Lougansk, le maire Olexandre Zaïka a appelé les habitants à partir le plus vite possible.

«La situation dans la ville est très tendue, je vous demande d'évacuer. Cela devient très difficile, les obus de l'ennemi tombent un peu partout», a-t-il dit dans un message sur la messagerie Telegram.

Mais «personne ne va abandonner la région de Lougansk», a-t-il ajouté, «nos gars travaillent bien».

Dans la zone rurale de Barvinkove, soldats ukrainiens et membres de la Défense territoriale étaient occupés à fortifier leurs positions et creuser de nouvelles tranchées. Les bords de routes ont été minés, et des obstacles anti-chars sont installés à tous les carrefours.

«Nous resterons ici»

«Nous resterons ici jusqu'à la victoire finale», a commenté un commandant local. Menacé à son tour de frappes, le grand port d'Odessa, dans le sud sur la mer Noire, va connaître pour sa part un couvre-feu de samedi soir à lundi matin, ont annoncé les autorités locales.

«Nous sommes prêts à nous battre, et à chercher parallèlement des voies diplomatiques pour arrêter cette guerre», a souligné Volodymyr Zelensky plus tôt dans la journée, lors d'une conférence de presse avec le chancelier autrichien Karl Nehammer, lui aussi venu à Kiev. La veille, c'était la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen qui avait fait le voyage, y compris à Boutcha, petite ville proche de la capitale devenue un symbole des atrocités de l'invasion russe. «Si ceci n'est pas un crime de guerre, qu'est-ce qu'un crime de guerre?», avait-elle déclaré.

10 milliards pour l'Ukraine

La dirigeante européenne a annoncé samedi qu'une collecte internationale avait permis de réunir 10,1 milliards d'euros destinés à soutenir l'Ukraine. «C'est fantastique», a-t-elle dit. «Une fois que les bombes auront cessé de tomber, nous aiderons le peuple ukrainien à reconstruire son pays. Nous continuerons à défendre l'Ukraine», a-t-elle déclaré.

A Kramatorsk, où le dernier bilan vendredi soir de la frappe au missile devant la gare a fait état de 52 morts dont 5 enfants, les évacuations de civils se poursuivaient samedi par la route. Des mini-bus et camionnettes venaient récupérer des dizaines de rescapés du bombardement qui ont passé la nuit dans une église protestante du centre-ville, non loin de la gare, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le président américain Joe Biden a dénoncé une «horrible atrocité» commise par Moscou et la diplomatie française un «crime contre l'humanité». Moscou a nié être responsable de la frappe, allant jusqu'à dénoncer une «provocation» ukrainienne. Après avoir retiré ses troupes de la région de Kiev et du nord de l'Ukraine, la Russie a fait de la conquête totale du Donbass, dont une partie est contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses, sa priorité.

Le président Vladimir Poutine, dont la décision d'envahir l'Ukraine avec l'intention initiale de prendre Kiev s'est brisée sur la résistance acharnée des Ukrainiens, a revu ses plans à la baisse mais veut obtenir une victoire au Donbass avant le défilé militaire du 9 mai marquant sur la Place Rouge la victoire soviétique sur les nazis, point d'orgue du narratif militariste qu'il a imposé en Russie, notent les observateurs.

A la suite des révélations sur les exactions de son armée en Ukraine, la Russie avait été suspendue jeudi par un vote du Conseil des droits de l'homme de l'ONU et a été la cible de nouvelles sanctions économiques occidentales, qui n'empêchent cependant pas le rouble, la monnaie russe, d'avoir retrouvé de la vigueur depuis un mois.

La Banque centrale russe a même annoncé vendredi qu'elle réautorisait à partir du 18 avril la vente de devises étrangères, suspendue début mars. Londres a décidé de sanctionner les deux filles de Vladimir Poutine et celle du chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, disant vouloir s'en prendre au «train de vie fastueux du cercle rapproché du Kremlin». L'UE a également inscrit sur sa liste noire les deux filles du président russe.

Elle avait déjà adopté jeudi soir un nouveau train de mesures punitives, avec notamment un prochain arrêt des importations de charbon russe. C'est la toute première fois que les Européens frappent le secteur énergétique russe, première source de revenus de Moscou.

Bruxelles a adopté de nouvelles sanctions contre des banques russes et a décidé la fermeture des ports européens aux navires russes. Kiev réclame la fourniture «immédiate» d'armes pour faire face à une nouvelle offensive russe dans l'Est.

Outre les armées annoncées samedi, le Royaume-Uni avait déjà promis l'envoi de missiles antichars et antiaériens supplémentaires. Et la Slovaquie «fait don» à Kiev de systèmes de défense antiaérienne S-300, de conception soviétique.

Selon les médias tchèques, Prague a de son côté envoyé lundi à l'Ukraine des trains chargés de chars T72 et de véhicules blindés de fabrication soviétique, ce qui serait une première livraison d'armements lourds réclamés par Kiev.

(AFP)

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