Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a échappé samedi à la destitution, une motion en ce sens déposée par l'opposition ne recueillant pas le quorum nécessaire en raison du boycott des députés du parti au pouvoir.
Un total de 200 voix sur 300 était nécessaire pour démettre Yoon Suk Yeol, mais seuls 195 députés ont participé au scrutin. «En conséquent, je déclare que le vote sur cette question est invalide», a déclaré le président de l'Assemblée nationale Woo Won-shik.
Un vote sous tension
Près de 150'000 manifestants anti-Yoon, selon la police citée par l'agence de presse Yonhap, entourent samedi soir le bâtiment de l'Assemblée nationale, bravant le froid glacial. Les organisateurs revendiquent pour leur part un million de participants. Des milliers de partisans de Yoon manifestent de leur côté dans le centre de la capitale.
Pendant des heures, les gens ont afflué dans la zone entourant l'enceinte du Parlement. Des écrans géants diffusant des informations en direct sont installés près de l'Assemblée nationale, sur la route à huit voies qui a été fermée pour servir de lieu de rassemblement.
Atmosphère festive, puis tendue
De nombreux manifestants brandissent des banderoles sur lesquelles on peut lire «Destituez Yoon» et «Insurrection criminelle» et chantent des paroles telles que «La Corée du Sud est une république démocratique».
L'atmosphère évoque celle d'un festival. Certains sont accompagnés d'enfants en bas âge. D'autres sont venus en grands groupes, au son d'une musique enjouée ponctuée de chants anti-Yoon. Mais lorsque les députés ouvrent officiellement la session destinée à déterminer le sort du président, la foule reste silencieuse, fixée sur les moindres gestes des députés.
La déception est de mise
«Je me sens terriblement mal d'en être arrivé là aujourd'hui», s'exclame An Jun-cheol, 24 ans, lors du rassemblement. «Ce que les députés du parti au pouvoir ont fait aujourd'hui – se soustraire au vote – n'est rien d'autre qu'une tentative de consolider leur pouvoir et leur statut, sans aucune considération pour le peuple.»
Mais An Jun-cheol reste déterminé, affirmant qu'il continuera à participer aux rassemblements jusqu'à ce que Yoon Suk Yeol soit mis en accusation. «Je suis sûr que d'autres personnes viendront ici pour le prochain vote», lance-t-il. Jo Ah-gyeong, 30 ans, originaire de Séoul, partage sa détermination.
«Je ne suis ni découragée ni déçue», confie-t-elle à l'AFP, malgré l'échec apparent de la procédure de destitution de Yoon Suk Yeol. «Parce que nous finirons par l'obtenir. Je continuerai à venir ici jusqu'à ce que nous y parvenions.» Et elle a un message pour les députés du parti au pouvoir: «S'il vous plaît, faites votre putain de travail».