Sommet européen à Bruxelles
Migration: Les 27 États de l'UE sont favorables à une nouvelle loi pour «accélérer» les expulsions

Les 27 États membres de l'Union européenne sont favorables à une nouvelle loi «urgente» sur l'immigration afin «d'accélérer» les expulsions de migrants en situation irrégulière, ont-ils annoncé à l'issue d'un sommet à Bruxelles.
Publié: 17.10.2024 à 23:00 heures
Photo: Getty Images
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ATS Agence télégraphique suisse

Réunis en sommet européen à Bruxelles, les 27 États membres de l'Union européenne ont haussé le ton jeudi contre l'immigration irrégulière. Ils ont réclamé «en urgence» une loi pour accélérer les expulsions, à l'issue de discussions qui ont aussi mis en lumière de vifs désaccords au sein du bloc.

«Le Conseil européen appelle à agir de manière déterminée, à tous les niveaux, pour faciliter, accroître et accélérer les retours depuis l'Union européenne», disent les États membres dans les conclusions du sommet. Ils invitent la Commission européenne à soumettre rapidement «une nouvelle proposition législative».

La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, avait pris les devants lundi, en proposant une nouvelle loi dans un calendrier qui reste à déterminer. Une initiative similaire a échoué en 2018, mais «six ans plus tard, le débat a évolué», «vers la droite» de l'échiquier politique, relève un responsable européen.

«Hubs de retour»

Auparavant, les 27 ont longuement débattu des «hubs de retour», une proposition inflammable de transferts de migrants dans des centres d'accueil de pays tiers.

L'Italie de Giorgia Meloni, cheffe du gouvernement et du parti d'extrême droite Fratelli d'Italia, a passé un accord controversé avec l'Albanie, où de premiers migrants arrêtés dans les eaux italiennes commencent à arriver.

Plusieurs responsables européens ont pris leurs distances. Ces centres ne sont qu'une «goutte d'eau» et «pas une solution» pour des «grands pays» comme l'Allemagne, a évacué le chancelier Olaf Scholz. Les «hubs» n'ont «jamais montré par le passé» qu'ils étaient «très efficaces et ça a toujours été très cher», a critiqué le premier ministre belge Alexander De Croo.

L'Espagne s'oppose à ces centres externalisés, pendant que la France, prudente, invite à «favoriser les retours lorsque les conditions le permettent», plutôt que «dans des hubs en pays tiers», selon l'Elysée.

À l'offensive, les Italiens ont organisé autour de Giorgia Meloni jeudi matin une réunion informelle pour promouvoir ces «solutions innovantes» contre l'immigration irrégulière. Une dizaine de pays étaient autour de la table dont les Pays-Bas, la Grèce, l'Autriche, la Pologne ou la Hongrie du nationaliste Viktor Orban, où se tiendra le prochain sommet européen à Budapest le 8 novembre.

Ursula von der Leyen y a également assisté.

Le Polonais Donald Tusk a insisté sur la pression migratoire subie par son pays. La Pologne accuse la Russie et le Bélarus d'organiser un afflux de migrants dans une attaque «hybride» destinée à déstabiliser l'Union européenne en pleine guerre en Ukraine.

À rebours de la tonalité générale, l'Espagnol Pedro Sanchez a appelé à mettre en avant les bienfaits de l'immigration légale, pour le travail notamment. En mai, l'Union européenne a adopté le pacte migration et asile, censé entrer en vigueur mi-2026, avec un durcissement du «filtrage» aux frontières et un mécanisme de solidarité entre les 27 dans la prise en charge des demandeurs d'asile. Des pays comme l'Allemagne et la France plaident pour accélérer sa mise en place.

«Vers la droite»

Et les questions migratoires reviennent bousculer l'agenda, poussées notamment par les partis d'extrême droite, en progression dans de nombreux pays d'Europe.

Certains dans l'UE «entendent ce que nous disons depuis des années», s'est réjouie la cheffe de file de l'extrême droite française Marine Le Pen, de passage à Bruxelles pour une réunion des Patriotes pour l'Europe, troisième force politique du Parlement européen après les élections de juin.

Plusieurs gouvernements ont haussé le ton et réclament de simplifier les règles en matière d'expulsion. Le «moteur franco-allemand pousse à agir», selon un diplomate européen.

Ce durcissement du ton intervient alors que le nombre de passages clandestins détectés aux frontières de l'Union européenne a baissé de 42% sur les neuf premiers mois de 2024 comparé à la même période de l'année précédente, selon l'Agence européenne de surveillance des frontières Frontex.

Ce sommet s'est tenu dans une phase de transition à Bruxelles, où la nouvelle équipe de la Commission européenne devrait prendre ses fonctions début décembre.

Il est marqué par les difficultés de plusieurs dirigeants européens dans leurs pays, particulièrement Emmanuel Macron, affaibli par l'explosion des déficits en France et l'attelage fragile avec le nouveau premier ministre Michel Barnier, issu de la droite et sans majorité à l'Assemblée nationale.

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