Les sociaux-démocrates allemands, les Verts et les libéraux ont conclu mercredi un accord pour gouverner ensemble la première économie européenne et ouvrir une nouvelle ère après 16 années d'Angela Merkel.
Près de deux mois après les élections législatives marquées par une débâcle historique pour le camp conservateur de la chancelière, le social-démocrate Olaf Scholz va devenir le prochain chancelier de la première économie européenne, dans une alliance inédite avec les Verts et le parti libéral du FDP.
Protection de l'environnement
Ces trois formations ont conclu un «contrat» de coalition intitulé «Oser plus de progrès. Alliance pour la liberté, la justice et la durabilité» et qui fait la part belle à la protection de l'environnement, avec notamment une sortie du charbon anticipée à 2030, contre 2038 auparavant.
Parmi les autres mesures phares, que le nouvel attelage inédit au pouvoir en Allemagne, veut mettre en oeuvre figurent notamment le retour à la rigueur budgétaire dès 2023 et la légalisation du cannabis.
Olaf Scholz, 63 ans, qui doit être investi chancelier début décembre par les députés du Bundestag, doit maintenant présenter cet accord devant la presse.
L'Allemagne tournera alors la page des années Merkel, celle-ci n'assurant plus que la gestion des affaires courantes depuis un mois.
D'ores et déjà les Verts sont assurés d'accéder au ministère des Affaires étrangères ainsi que d'un «super» ministère du Climat et de l'Economie tandis que le FDP, très orthodoxe sur les comptes publics, détiendra le portefeuille des Finances.
Tambour battant
L'accord de coalition a été ficelé à l'issue de négociations menées tambour battant. Car le temps presse au moment où la pandémie de Covid-19 n'a jamais été aussi virulente avec des records quotidiens de nouvelles infections et la crainte d'une saturation des hôpitaux.
Signe d'une nervosité grandissante face à la flambée des contaminations, Angela Merkel a reçu mardi soir à la chancellerie les responsables des partis de la future coalition dite «feu tricolore».
La conclusion rapide d'un accord de gouvernement devrait rassurer les autres pays européens, inquiets après les législatives de voir l'Allemagne, poids lourd de l'UE, sans réel capitaine à bord.
Et ce, au moment où les Vingt-Sept affrontent une nouvelle crise majeure à leurs portes avec l'afflux orchestré par le Bélarus de milliers de Syriens et d'Irakiens à la frontière avec la Pologne.
Premiers pas de Scholz
Olaf Scholz, rompu aux arcanes de la négociation, a déjà fait ses premiers pas sur la scène internationale en accompagnant Angela Merkel au sommet du G20 le mois dernier à Rome et en participant informellement aux principaux entretiens bilatéraux notamment avec le président américain Joe Biden.
Pour la première fois depuis 16 ans, le SPD, arrivé en tête avec 25,7% des voix lors du scrutin législatif, va de nouveau diriger le gouvernement de la principale puissance économique européenne.
Fruit d'un compromis, le «contrat de coalition» entre les trois partis définit toutes les réformes économiques, environnementales, sociétales que le prochain gouvernement, à la composition bientôt connue, mettra en oeuvre.
Il a été mis au point en un temps record : après des discussions exploratoires, sociaux-démocrates, Verts et libéraux étaient entrés dans le vif du sujet le 21 octobre avec la constitution de plus d'une vingtaine de groupes de travail.
Le soir même des élections, tous avaient manifesté leur volonté d'aller vite pour ne pas répéter le scénario de 2017 quand Angela Merkel avait mis plus de cinq mois à constituer son gouvernement, paralysant l'Europe.
Une femme à la diplomatie
Candidate malheureuse des écologistes à la chancellerie après une campagne ratée, Annalena Baerbock, 40 ans, devrait prendre la tête de la diplomatie allemande dans un gouvernement à parité hommes-femmes, selon les médias.
Le très important et prestigieux maroquin des Finances devrait quant à lui échoir au chef du parti libéral FDP, Christian Lindner, tenant d'une ligne orthodoxe sur les déficits publics.
Le populaire co-président des Verts, Robert Habeck devrait lui s'installer dans un «super ministère» du Climat au moment où la lutte contre le réchauffement climatique est au premier plan des débats, dans un pays parmi les des plus gros pollueurs de la planète.
(ATS)