Pendant des mois, les Républicains ont bloqué le projet de loi sur une nouvelle aide à l'Ukraine, alors même que l'absence de livraison d'armes a été une épreuve pour le pays. Pendant ce temps, l'offensive russe a enregistré quelques succès. Mais depuis l'approbation de l'énorme paquet d'aide de 61 milliards, le président russe Vladimir Poutine est désormais engagé dans une course contre-la-montre, à laquelle s'ajoutent des problèmes logistiques croissants.
Comme l'explique l'économiste militaire de l'EPFZ Marcus Keupp au «Luzerner Zeitung«, les Russes brûlent dans l'offensive en cours «à peu près tout le matériel et aussi les hommes dont ils disposent». L'Ukraine, elle, se bat avec le matériel livré par l'Occident, ce qui pourrait poser problème à la Russie, qui épuise ses propres ressources.
Il y a plus de chars russes détruits que produits
Selon Marcus Keupp, Vladimir Poutine perdra la guerre sur le plan stratégique, car «le taux de production ou de remplacement russe ne peut pas suivre le taux d'usure ou de destruction». Les chars russes en sont un exemple frappant: alors que la Russie affirme pouvoir produire 400 à 500 nouveaux chars par an, quatre à cinq sont détruits chaque jour pendant la guerre, soit environ 1500 par an.
Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a déjà pris la mesure du problème. Il a souligné auprès du journal économique russe «Kommersant» que la production d'armement russe devait être augmentée de toute urgence, sinon le niveau d'usure actuel pourrait atteindre un niveau critique.
Poutine est confronté au même problème qu'Adolf Hitler
«Poutine sait qu'il n'a pas le temps, c'est pourquoi il tente le tout pour le tout», poursuit Marcus Keupp. Il tente ainsi actuellement de bloquer une importante route de ravitaillement pour une partie du front du Donbass.
Pendant ce temps, les Ukrainiens se retirent à petits pas, faute des moyens suffisants pour empêcher une avancée russe, compte tenu du retard des aides occidentales. Ils tentent toutefois de rendre l'avancée des troupes aussi difficile que possible: «L'Ukraine essaie de saigner les Russes à blanc», poursuit l'expert militaire.
Mais la stratégie russe ne devrait pas non plus porter ses fruits à long terme car «les avancées actuelles ne suffisent pas», explique Marcus Keupp, qui poursuit: «Il ne suffit pas non plus d'occuper simplement le Donbass. Dès que la logistique occidentale arrivera, l'Ukraine commencera à bombarder.»
Selon lui, Vladimir Poutine n'aura aucune chance de conserver les territoires conquis, car il est confronté au même problème qu'Adolf Hitler: «Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Américains ont fait entrer de plus en plus de ressources en Union soviétique via le corridor perse, et après 1943, Hitler a été repoussé de plus en plus loin.»
L'Europe doit devenir plus courageuse
Marcus Keupp demande à l'Occident de ne pas se laisser impressionner par la propagande russe et considère que la guerre est la conséquence d'une politique d'apaisement voulue par l'Occident.
Mais des pays comme la France ou la Pologne ont changé de cap. Ainsi, le président français Emmanuel Macron envisage par exemple d'envoyer des troupes européennes en Ukraine. Des livraisons d'armes sont également à l'ordre du jour... le signe d'un changement de politique, selon Marcus Keupp.