Séisme dans le monde de l'art
À Paris, Art Basel succède à la Fiac

Coup de tonnerre dans le monde de l'art en France: le géant suisse des foires d'art contemporain Art Basel va remplacer la Foire internationale d'art contemporain (Fiac), présente depuis 47 ans à Paris.
Publié: 26.01.2022 à 19:12 heures
La Fiac a accueilli 46'000 visiteurs cet automne au Grand-Palais éphémère, dans un espace réduit.
Photo: IAN LANGSDON

Pour renforcer son «rayonnement mondial», Paris a en effet décidé mercredi de miser Art Basel, appartenant au groupe MCH. Le groupe helvétique a été choisi par le conseil d'administration de la Réunion des musées nationaux - Grand Palais (RMN-GP) au terme d'un appel d'offres lancé en décembre.

L'actuel propriétaire de la Fiac, RX-France, filiale de l'anglo-néerlandais RX, avait mis en garde contre le «danger» d'un tel choix, aux «répercussions conséquentes pour de nombreux acteurs de la scène culturelle».

L'appel à concurrence concernait aussi l'organisation de la foire internationale d'art photographique, qui reste entre les mains de Paris Photo, également propriété de RX-France.

MCH et RX, seuls candidats, avaient postulé sur les deux créneaux dévolus traditionnellement à la Fiac et Paris Photo. Ils devront s'engager sur une durée de sept ans pour un coût global estimé à 10,6 millions d'euros pour la foire d'art contemporain et de 7,5 millions d'euros pour la manifestation photographique, hors frais techniques, selon l'appel d'offres.

«Nous n'avons écarté personne, mais choisi la candidature qui portait le mieux l'ambition de tirer parti de la singularité et de la spécificité de Paris», a souligné la RMN-GP à l'AFP.

Cette ambition inquiète les plus petites galeries qui craignent de se voir évincer de la grande foire, alors que la part de celles émergentes se situait autour de 30% à la Fiac. Celle-ci avait accueilli 75'000 visiteurs en 2019 et 46'000 cet automne au Grand-Palais éphémère, dans un espace réduit.

La nouvelle foire d'art contemporain parisienne «ne sera pas un satellite de la foire de Bâle», assure l'opérateur culturel. Il souhaite «une marque spécifique» et promet «une politique tarifaire maîtrisée afin que le prix des stands n'explose pas».

Il s'agit, dit-il, de «porter une attention particulière à la place des artistes français et des galeries françaises» en s'appuyant sur «une dynamique d'investissement indispensable face à l'évolution du marché des foires d'art, de plus en plus exigeant, et sur une forte capacité d'innovation».

Le président de la RMN-GP, Chris Dercon, a pour objectif de «travailler en lien étroit avec Art Basel», pour «créer des passerelles» entre l'art contemporain et les différentes industries culturelles (numérique, mode, édition, jeux vidéo) et «répondre aux nouvelles attentes» des acteurs du marché comme du public, a-t-il expliqué à l'AFP.

Car si la crise sanitaire les a obligés à se réinventer en prenant d'assaut le numérique, «galeristes, collectionneurs et artistes sont demandeurs partout dans le monde de nouveaux modèles de foires», a ajouté M. Dercon.

«Rien ne vaut le carnet d'adresses d'Art Basel» au moment où «Paris redevient une place forte mondiale de l'art contemporain» et peut miser «sur la richesse de ses musées», a-t-il estimé.

La future foire internationale d'art contemporain parisienne est déjà programmée du 20 au 23 octobre, juste avant celle dédiée à la photo (10 au 13 novembre).

Les deux événements se tiendront en 2022 et 2023 au Grand-Palais éphémère, construit provisoirement derrière la Tour Eiffel en attendant la fin des travaux de restauration du bâtiment historique près des Champs-Elysées. Sa réouverture est prévue en 2024 pour accueillir les Jeux olympiques et paralympiques.

(ATS)

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