Se tuer plutôt que d'être violées: dans une série de témoignages «atroces» publiés mardi 12 novembre, l'Organisation des Nations unies (ONU) se fait la porte-parole des voix de femmes et de filles qui ont fui les attaques au Soudan, ravagé par plus d'un an de guerre.
Dans un contexte d'«escalade spectaculaire de la violence» depuis le 20 octobre dans l'Etat d'Al-Jazira, dans le centre du pays, au moins 124 civils ont été tués et quelque 135'000 ont fui dans des Etats voisins, dont 3200 femmes enceintes, indique dans un communiqué le fonds des Nations unies pour la population, spécialisé dans la santé de la mère et de l'enfant.
Des violences sexuelles généralisées
Citant des chiffres du ministère de la Santé de l'Etat d'Al-Jazira, l'agence onusienne évoque des informations «initiales» de 27 femmes et filles âgées de six à 60 ans violées ou agressées. «Une petite fraction des violences sexuelles généralisées», alerte-t-elle.
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Des hommes armés «nous ont persécutés, battus, ont pointé des armes sur nous et inspecté nos filles», raconte Maria, mère de deux enfants, citée dans le communiqué. Des filles racontent que leurs frères, oncles et pères les ont armées de couteaux: ils «nous ont dit de nous tuer si on était menacées de viol par des combattants».
«Laver le déshonneur»
Selon d'autres témoignages de survivantes, des femmes «se sont jetées dans la rivière pour éviter d'être agressées par des hommes armés». Et d'autres «fuient et se cachent parce que leurs familles les ont menacées de les tuer pour laver le déshonneur».
«Ils nous ont battus comme des chiens, alors on est parti. Avec rien. On n'avait rien, même pas du pain. On a marché pendant sept jours sous le soleil de plomb sans rien manger. Certaines femmes sont mortes en chemin», raconte Fatma, mère de six enfants, qui ne sait pas ce qu'est devenu son mari.
Amina, 27 ans, fait, elle, partie de 21 femmes enceintes et à terme qu'un médecin local a rassemblé dans un village pour les aider à accoucher avant de fuir. Elle a dû subir une césarienne. «Mais les tirs étaient tellement terrifiants que j'ai trouvé la force de quitter le village», explique-t-elle.
«A peine six heures» après la césarienne, malgré des «plaies toujours fraîches et douloureuses», elle a repris la route avec son nouveau-né, à pied puis pendant des jours dans «un chariot tiré par un âne».