Depuis le début de la guerre en 2023
Le Soudan, une des «pires crises» humanitaires depuis des décennies, selon MSF

La guerre au Soudan, qui a éclaté en avril 2023 entre l'armée et les Forces de soutien rapide, a provoqué «une des pires crises», a déclaré jeudi Médecins sans Frontières
Publié: 20.06.2024 à 21:43 heures
L'ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a affirmé que la faim au Soudan pourrait atteindre des niveaux jamais vus depuis la famine en Ethiopie au début des années 1980, qui avait fait 1,2 million de morts.
Photo: Patricia Simon
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ATS Agence télégraphique suisse

La guerre a plongé le Soudan dans «une des pires crises» humanitaires au monde depuis des décennies, a déclaré jeudi Médecins sans Frontières. Des bombardements ont encore fait 18 morts dans l'Etat du Darfour-Nord, selon des groupes pro-démocratie.

La guerre qui oppose depuis avril 2023 l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de neuf millions de personnes, selon l'ONU, dans ce pays du nord-est de l'Afrique.

«Le Soudan est marqué par l'une des pires crises que le monde ait connues depuis des décennies et la réponse humanitaire est profondément inadéquate», a dit sur X le président international de MSF, Christos Christou. «Il y a des niveaux extrêmes de souffrance à travers le pays et les besoins grandissent de jour en jour», a-t-il ajouté. L'accès des organisations humanitaires au Soudan est «insuffisant» et une partie de la population risque de «mourir de faim», a averti de son côté le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi.

L'ONU exige la fin du siège d'el-Facher

Depuis début mai, les combats sont particulièrement violents à el-Facher, la capitale de l'Etat du Darfour-Nord, seule grande ville de cette région de l'ouest du Soudan à échapper au contrôle des paramilitaires. Afin de s'emparer de la ville, les FSR l'ont assiégée, piégeant des centaines de milliers de civils.

Tard mercredi, des bombardements d'artillerie lancés par les FSR «ont fait 14 morts et 25 blessés», a affirmé jeudi le Comité d'urgence du camp de déplacés d'Abou Shouk, près d'el-Facher, un des nombreux groupes de défense de la démocratie qui organisent l'entraide au Soudan. Le Comité de résistance de Kutum, à 70 kilomètres au nord d'el-Facher, a annoncé que quatre civils avaient été tués dans une frappe aérienne de l'armée mercredi. Selon MSF, les combats à el-Facher ont fait plus de 220 morts entre le 10 mai et le 8 juin.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté la semaine dernière une résolution exigeant la fin du «siège» d'el-Facher. MSF au Soudan a par ailleurs indiqué sur X qu'à Omdourman, une banlieue nord-ouest la capitale Khartoum, l'hôpital Al-Naw, soutenu par cette ONG, avait été visé par un bombardement mercredi, qui a fait au moins trois morts et 27 blessés. Des bombardements intenses ont eu lieu autour de la ville, selon cette même source. Les deux belligérants ont été accusés de crimes de guerre pour avoir visé délibérément des civils, bombardé des zones habitées et bloqué l'aide humanitaire, malgré la menace de famine qui pèse sur des millions de Soudanais.

Aide de 315 millions des Etas-Unis

Des groupes de défense des droits humains ainsi que les Etats-unis ont aussi accusé les paramilitaires de nettoyage ethnique et de crimes contre l'humanité. Les Etats-Unis ont annoncé la semaine dernière une aide d'urgence de 315 millions de dollars pour le Soudan et appelé les deux camps à permettre l'accès à l'aide humanitaire. L'ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a affirmé que la faim au Soudan pourrait atteindre des niveaux jamais vus depuis la famine en Ethiopie au début des années 1980, qui avait fait 1,2 million de morts.

«Nous avons vu des projections de mortalité selon lesquelles plus de 2,5 millions de personnes - environ 15% de la population - au Darfour et au Kordofan, les régions les plus durement touchées, pourraient mourir d'ici la fin du mois de septembre», a-t-elle prévenu. «Il s'agit de la plus grande crise humanitaire de la planète, et elle menace encore de s'aggraver à l'approche de la saison des pluies», a ajouté la diplomate.

L'ONU estime que cinq millions de personnes au Soudan souffrent d'une faim extrême, tandis que la nourriture manque aussi dans les pays voisins où se sont réfugiés deux millions de Soudanais. Plusieurs pays étrangers ont apporté leur soutien de part et d'autre. Le Soudan a expulsé des diplomates des Emirats arabes unis soupçonnés d'avoir soutenu les FSR, tandis que l'Egypte, la Turquie et l'Iran ont dit appuyer l'armée.

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