Un effondrement financier menace la Russie. Il ne serait pas dû uniquement aux sanctions économiques et commerciales de l’Europe, mais à des paiements d’intérêts sur des obligations d’État qui arrivent à échéance.
Vendredi 27 mai, le pays de Vladimir Poutine aurait dû verser 71 millions de dollars et 29 millions d’euros à des investisseurs. Or ces derniers n’ont pas vu l’ombre de leur argent. Un délai supplémentaire de 30 jours a été accordé au Kremlin. Mais si la Russie ne règle pas ses comptes passé ce délai, elle sera officiellement en défaut de paiement.
La pression monte
Début 2022, un défaut de paiement de la Russie aurait semblé improbable. Mais la guerre en Ukraine et les sanctions de l’Occident pèsent sévèrement sur le Kremlin, à tel point que les agences de notation ont abaissé la note de crédit du pays. L’embargo européen sur le pétrole décidé mardi fait encore monter la pression d’un risque d’effondrement financier. Les États-Unis ont laissé expirer la semaine dernière une importante dérogation qui permettait à la Russie d’utiliser les réserves de devises gelées à l’étranger pour servir ses obligations.
Depuis le début de la guerre, la Russie a également perdu l’accès à une grande partie de ses réserves de devises détenues dans des banques étrangères à cause des sanctions. Le rouble n’étant souvent pas accepté comme moyen de paiement, la perte d’accès à ces réserves d’une autre monnaie, même si elles ne sont pas très importantes, risque de poser problème.
La Russie ne baisse pas les bras
L’insolvabilité qui menace désormais le pays serait la première depuis 1918. Elle scellerait la chute financière de la Russie depuis son invasion de l’Ukraine fin février. Le gouvernement russe fait tout pour éviter la banqueroute.
Le ministre russe des Finances Anton Silouanov a souligné vendredi que son pays disposait de suffisamment d’argent pour honorer ses engagements. «Nous ferons tout pour réaffirmer notre rôle d’emprunteur fiable, même dans ces conditions», a-t-il assuré devant des étudiants lors d’un cours à l’université des finances de Moscou. La Russie a en outre procédé à une baisse exceptionnelle des taux d’intérêt pour pallier au rouble fort.
Un trou dans le trésor de guerre
Une autre menace plane sur Vladimir Poutine. Un comité de créanciers se réunit cette semaine au sujet d’un point de litige: un paiement d’intérêts manquant d’un montant de 1,9 million de dollars pour des obligations. Cela pourrait déclencher un paiement d’assurance pour les investisseurs qui, selon «Bloomberg», vaut des milliards de dollars. Le 23 juin, les prochains paiements d’intérêts d’un montant total de 235 millions de dollars arriveront à échéance.
Si la Russie devenait insolvable, le pays n’entrerait pas immédiatement en faillite. Les experts considèrent ce cas de figure peu probable. En revanche, un défaut de paiement empêcherait la Russie de pouvoir emprunter de l’argent sur le marché financier international. Cela pourrait causer un trou dans le financement de la guerre de Vladimir Poutine.
(Adaptation par Louise Maksimovic)