Risque de cancer de la peau
Cette tendance TikTok est une catastrophe pour la santé

La crème solaire protège la peau, même si les influenceurs prétendent le contraire. Les professionnels de la santé mettent déjà en garde contre une campagne de fake news sur Internet. La Ligue contre le cancer cherche à dialoguer avec les jeunes.
Publié: 16.06.2024 à 15:56 heures
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La semaine prochaine, les températures vont augmenter: le risque d'attraper un coup de soleil est plus élevé.
Photo: Shutterstock
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Peter Aeschlimann

À la question: «Qui parmi vous a déjà eu un coup de soleil?», presque toutes les mains se lèvent à l'école de formation professionnelle de Winterthour. Aujourd'hui, le thème du cancer de la peau est au programme du cours de gym des futurs mécaniciens automobiles.

Monika Burkhalter demande ce que l'on peut faire contre les rayons nocifs du soleil. «L'ombre, les vêtements, la crème solaire!» Les réponses fusent, et pas seulement parce qu'elles sont inscrites sur le t-shirt rouge que porte la spécialiste de la Ligue zurichoise contre le cancer.

En tête du classement en matière de cancer de la peau

Ce ne sont donc pas les connaissances qui manquent. Pourtant, les chiffres sont décevants: chaque année, entre 20'000 et 25'000 nouveaux cas de cancer de la peau blanc sont diagnostiqués dans notre pays, contre environ 3200 pour le cancer noir de la peau, potentiellement mortel. La Suisse occupe ainsi une triste place de leader en comparaison internationale.

La raison de cette situation n'est pas entièrement élucidée. Les Suisses aiment faire de l'exercice en plein air, notamment dans les hauteurs où le soleil tape particulièrement fort. La prospérité est également souvent citée comme raison: on a suffisamment d'argent et de temps pour passer l'hiver dans des régions plus chaudes.

La peau jeune est sensible

La raison pour laquelle la Ligue zurichoise contre le cancer a choisi de sensibiliser les écoles professionnelles avec sa campagne ««Ja nicht rot werden» (en français: «Oui, ne rougissez pas»). Le mot d'ordre est simple: les peaux jeunes sont extrêmement sensibles et les ados aiment être dehors. L'apprenti Timot Kunszt connaît lui aussi le dicton selon lequel la peau n'oublie jamais. Pourtant, l'été dernier, il a attrapé un mauvais coup de soleil à la piscine: «Je n'avais pas mis de crème.»

Les spécialistes sont inquiets, car beaucoup de ses camarades renoncent sciemment à la crème solaire. Sur les réseaux sociaux, des vidéos dans lesquelles des influenceuses et influenceurs renoncent à la crème solaire sont actuellement virales. Sur TikTok, des vidéos portant le hashtag #NoSunscreen ont été visionnés plus de 12 millions de fois.

De l'huile de coco comme protection solaire?

Dans l'une des vidéos, un surfer boy bronzé se tient debout dans les vagues et prêche à ses followers: «Je ne mettrai pas de crème solaire cet été, et vous ne devriez pas en mettre non plus.» Une autre influenceuse recommande l'huile de coco comme protection solaire. Le ton est donné: les substances chimiques utilisées dans ces produits sont nocives pour le corps. 

Selon ces représentants du mouvement anti-crème solaire, la lumière du soleil activerait les forces d'autoguérison, qui seraient même efficaces contre des maladies comme le cancer. Parmi eux, on trouve des célébrités comme l'actrice Kristin Cavallari, connue pour sa participation à la série «Laguna Beach».

Aux États-Unis, cela ne reste pas sans conséquences. Dans un sondage publié il y a quelques semaines, l'Académie américaine de dermatologie est arrivée à la conclusion que 28% des jeunes de 18 à 26 ans ne croient pas que les coups de soleil provoquent le cancer de la peau. Dans une autre étude, 14% des personnes interrogées âgées de moins de 35 ans ont déclaré qu'elles pensaient que la crème solaire était plus dangereuse que l'exposition au soleil sans protection.

Des bêtises dangereuses

En Suisse aussi, les réseaux sociaux et les plateformes comme Youtube font partie des premières sources d'information des jeunes. Bien que la génération Z soit assez critique vis-à-vis des contenus de TikTok, il faut s'opposer fermement aux fake news, explique la dermatologue Anne-Katharina Sonntag de l'université de Bâle à Blick. 

La médecin cadre estime que des tendances comme le mouvement anti-crème solaire sont dangereuses. Le mythe selon lequel la protection solaire bloque l'absorption de la vitamine D a été invalidé depuis longtemps par la science.

La dermatologue a de l'espoir dans une contre-tendance: les jeunes qui font tout pour prévenir la formation de rides. Comme le rayonnement UV accélère le vieillissement de la peau, les jeunes femmes, en particulier, se mettent de plus en plus souvent volontairement à l'ombre. «Je les attrape toujours par ce biais», précise Anne-Katharina Sonntag.

Une expérience surprenante

A l'école professionnelle de Winterthour, les jeunes se positionnent devant une caméra UV. Ceux qui n'étaient pas encore totalement convaincus de l'effet positif de la crème solaire le sont après cette expérience: la fine couche protectrice sur la peau apparaît à l'écran comme une peinture sombre qui protège des rayons du soleil.

En milieu de semaine prochaine, les températures devraient dépasser les 25 degrés en de nombreux endroits. Au début de l'été, lorsque la peau est encore pâle, le risque de coup de soleil est particulièrement élevé. On sort, on veut se faire du bien après les jours de pluie. «Les mesures de protection sont alors souvent oubliées», explique Monika Burkhalter.

C'est pourquoi on rappelle toujours la trilogie: ombre, vêtements, crème solaire! «Si chaque personne qui sort d'ici a assimilé ces trois points, on aura déjà beaucoup gagné», conclut la spécialiste. 

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