Après l’explosion sur le pont de Crimée début octobre, le président russe, Vladimir Poutine, s’est vengé: il y a deux semaines, les attaques aériennes russes ont repris de plus belle. Des missiles et des drones kamikazes ont fait des morts et des blessés dans les grandes villes ukrainiennes, comme cela avait déjà été le cas dans les premières semaines de la guerre, fin février et début mars.
Des journalistes de la plate-forme Bellingcat, du magazine allemand «Der Spiegel» et du média en ligne russe The Insider ont enquêté pendant des mois pour savoir qui pouvait être précisément tenu pour responsable des attaques de missiles. Cette équipe de recherche internationale a désormais levé le voile.
On sait peu de choses sur le groupe
Quelques dizaines de personnes seraient à l’origine des pluies de missiles. Ce groupe travaille officiellement pour le «centre de calcul de l’état-major général». Ce service russe serait spécialisé dans les systèmes de missiles, mais le plus grand secret l'entoure.
Les collaborateurs seraient des spécialistes en informatique, certains auraient également une formation de programmeur de jeux vidéo. Le groupe aurait pris en charge les trajectoires des missiles. Il aurait programmé chaque missile individuellement, ainsi que chaque lieu d’impact séparément.
Selon les recherches des trois médias indépendants, le colonel Igor Bagnjuk est à la tête du département. Celui-ci est né à Riga, capitale de la Lettonie, au début des années 1980. En 2004, il a obtenu un diplôme d’une académie spécialisée dans les missiles russes et les systèmes informatiques qui les sous-tendent.
Les journalistes ont en outre pu accéder aux données du téléphone portable du colonel Bagnjuk. Celui-ci aurait été nettement plus utilisé la semaine avant les dernières attaques de missiles que les mois précédents. Le soir du 9 octobre, un jour avant les frappes sur plusieurs grandes villes ukrainiennes, il aurait appelé onze fois ses ingénieurs. Les semaines précédentes, c’était pratiquement le silence radio.
Retour au bureau une heure avant le début de l’attaque
Les données de localisation du téléphone portable d'Igor Bagnjuk ont en outre montré que la veille de la première vague d’attaques, le colonel avait quitté son domicile en dehors de Moscou peu après 17h pour se rendre à son bureau – un dimanche.
Selon Bellingcat, trois types de missiles différents ont été utilisés lors des attaques. Il s’agit d'engins de haute précision de type Kalibr, Iskander et KH-101.
Plusieurs sous-groupes travaillent au sein du département d'Igor Bagnjuk. Chacun de ces groupes est spécialisé dans la programmation d’un type de missile particulier. Les données montrent que le colonel a téléphoné aux chefs de ces sous-groupes dans l’après-midi – sans doute pour régler les derniers détails de l’attaque.
A 21h15, dimanche soir, l’homme a parlé une dernière fois avec son supérieur, le général Robert Baranov. Il est ensuite rentré chez lui – mais pas pour longtemps: le lendemain matin, Igor Bagnjuk est retourné à son bureau. Selon les données de localisation, il serait arrivé à la centrale de Moscou à 5h30. Une heure plus tard, la Russie a procédé aux premiers tirs de missiles.