Chaleurs extrêmes, pollution de l'air, maladies infectieuses: le changement climatique est une menace multiple et grandissante pour la santé humaine, qui sera pour la deuxième fois abordée lors de la COP29. «Le changement climatique nous rend malades, et une action urgente est une question de vie ou de mort», a alerté l'Organisation mondiale de la santé avant la conférence de l'ONU sur le climat, organisée du 11 au 22 novembre à Bakou (Azerbaïdjan).
Alors que la planète continue de se réchauffer sous l'effet des émissions croissantes de combustibles fossiles, de nombreux pays sont frappés par des inondations, des sécheresses, des vagues de chaleur ou des tempêtes dévastatrices. Voici un aperçu des impacts du dérèglement climatique sur la santé humaine.
2024, l'année la plus chaude
Il est «quasiment certain que 2024 sera l'année la plus chaude jamais enregistrée», a annoncé cette semaine le service européen Copernicus. Ce devrait être aussi la première année à plus de 1,5 degré Celsius au-dessus de la moyenne préindustrielle de 1850-1900. D'ores et déjà, la chaleur tue crescendo dans le monde, confirme le bilan annuel de référence publié par la revue médicale The Lancet.
Une chaleur excessive peut entraîner des troubles rénaux, des accidents vasculaires cérébraux, des maladies cardiovasculaires et respiratoires, des défaillances d'organes et parfois la mort.
19'000 décès chaque année
Le nombre de plus de 65 ans morts à cause de la chaleur a ainsi bondi de 167% dans le monde depuis les années 1990. Et plus de 70% de la population active mondiale est exposée à une chaleur excessive, avec près de 19'000 décès chaque année, selon l'OMS.
Les précipitations extrêmes sont une autre face du dérèglement climatique. «Cette année a mis en évidence les effets croissants du réchauffement climatique sur la santé et le bien-être des populations», selon Jeni Miller, directrice exécutive de l'Alliance mondiale pour le climat et la santé, une coalition d'ONG.
Elle a évoqué la chaleur extrême à l'origine de 700 décès et plus de 40'000 coups de chaleur en Inde, les pluies ayant provoqué l'effondrement d'un barrage au Nigeria, qui a tué 320 personnes, ou la sécheresse dans 48 des 50 États américains.
L'Espagne se remet encore des inondations les plus meurtrières depuis une génération, tandis que certaines régions des États-Unis et de Cuba gèrent les conséquences de récents ouragans. Sécheresses, inondations et autres phénomènes météorologiques extrêmes menacent aussi les cultures et accroissent le risque de famines.
Des prématurés à cause de la pollution
Près de 99% de la population mondiale respire un air dépassant les limites fixées par l'OMS. Accentuée par le changement climatique, la pollution de l'air accroît le risque de maladies respiratoires, d'accidents cardiovasculaires, de diabète ou de cancers et a, selon certains experts, des effets comparables, voire supérieurs, à ceux du tabac ou de l'alcool.
Notable lors des pics de pollution, l'effet sur la santé le plus néfaste est lié à une exposition à long terme. Près de sept millions de décès prématurés sont, selon l'OMS, provoqués par la pollution de l'air chaque année dans le monde.
Il y a une semaine à peine, Lahore la deuxième ville du Pakistan a enregistré une concentration de microparticules PM2.5 dans l'air plus de 40 fois supérieure au niveau jugé acceptable par l'OMS. Lueur d'espoir, le nombre de personnes tuées par la pollution atmosphérique générée par les énergies fossiles a baissé d'environ 7% dans le monde entre 2016 et 2021, «essentiellement grâce à la fermeture de centrales à charbon», selon le rapport du Lancet.
Hausse des maladies
En modifiant la température et les précipitations, le dérèglement climatique accentue aussi des maladies infectieuses et parasitaires. C'est notamment lié à de nouvelles zones de pénétration de moustiques, oiseaux ou mammifères impliqués dans des épidémies nées de virus (dengue, chikungunya, Zika, virus du Nil occidental...), de bactéries (peste, maladie de Lyme...), d'animaux ou de parasites (paludisme...).
L'augmentation de la température à elle seule a accru le potentiel de transmission mondial du moustique tigre, vecteur de la dengue, de 42,7% entre les années 1950 et les années 2010, selon le Lancet. Et 2023 a enregistré plus de cinq millions de cas de dengue, un nouveau record. Les tempêtes ou inondations peuvent aussi laisser des eaux stagnantes, favorables à la reproduction de moustiques et associées à un risque accru de maladies transmises par l'eau, comme le choléra, la typhoïde et la diarrhée.