Lundi, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté sur un cessez-le-feu à Gaza. Après plusieurs tentatives infructueuses, les Etats membres ont finalement réussi à se mettre d'accord. 14 des 15 pays ont voté en faveur de la résolution, seuls les Etats-Unis se sont abstenus. Aperçu du vote.
Sur la guerre à Gaza
Que demande-t-on?
La résolution a été élaborée par plusieurs membres du Conseil de sécurité, dont la Suisse. Elle demande un «cessez-le-feu immédiat pour le mois de ramadan, respecté par toutes les parties et conduisant à une trêve durable et soutenue». Le Ramadan se termine dans deux semaines.
De même, il est demandé «la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages ainsi que la garantie de l'accès humanitaire». En revanche, la résolution ne demande pas un cessez-le-feu permanent et inconditionnel. Elle n'aborde pas non plus la question de l'offensive terrestre controversée à Rafah.
La résolution sera-t-elle respectée?
Les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité sont juridiquement contraignantes au niveau international. Toutefois, cet organe n'a pas de pouvoir exécutif, ce qui signifie qu'il n'a pas les moyens de faire appliquer ses décisions.
On ne sait pas si Israël respectera les exigences du Conseil de sécurité, sachant qu'au moins 70 personnes ont été tuées à Gaza dans la nuit de lundi à mardi – après le vote. Les politiques israéliens ont souligné à plusieurs reprises qu'ils ne mettraient fin à la guerre que lorsque tous leurs objectifs seraient atteints: la destruction complète du Hamas en fait partie. Ils ont par ailleurs répété qu'ils ne se laisseraient pas intimider par la pression internationale.
Parallèlement, le Hamas ne libérera probablement les otages que contre un cessez-le-feu complet et à long terme. Le groupe armé exige le retrait des soldats israéliens de la bande de Gaza, le retour de la population civile dans le nord du territoire ainsi que l'entrée illimitée de l'aide. Autant d'exigences auxquelles Israël s'oppose.
Comment réagit Israël?
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a menacé les Etats-Unis avant même le vote. Il a déclaré qu'il annulerait une visite de ses conseillers de haut niveau prévue cette semaine à Washington si les Etats-Unis n'utilisaient pas leur droit de veto. La rencontre devait porter sur l'offensive prévue à Rafah. Apparemment, elle n'aura pas lieu: le Premier ministre a mis sa menace à exécution.
L'ambassadeur israélien à l'ONU Gilad Erdan a, quant à lui, déclaré: «Ce Conseil a refusé de condamner le massacre d'octobre, c'est une honte. La prise en otage de civils innocents est un crime de guerre. La libération des otages devrait être une priorité absolue.» Il a qualifié le vote de «travestissement», en soulignant: «Je suis dégoûté.»
La position de l'État de Palestine?
Le député de l'ONU pour l'État de Palestine, Riyad Mansour, 76 ans, s'est exprimé en larmes après le vote. «Du nettoyage ethnique au génocide, nos souffrances sont causées par les actions d'Israël, mais aussi par son impunité accordée.»
Il a donc remercié les membres pour la résolution et a souligné: «Elle doit signifier la fin des atrocités commises contre notre peuple. Notre nation est assassinée. Notre nation est expropriée. Notre nation est expulsée, et ce, depuis des décennies. Depuis six mois, chaque Palestinien de Gaza a enduré des souffrances, des pertes et des douleurs incommensurables. Cela doit cesser maintenant.»
Que dit le Hamas?
Basem Naim, membre du bureau politique du Hamas, a qualifié la résolution de l'ONU de «significative et importante». Il a en outre souligné que le Hamas était en principe prêt à libérer les otages, en échange de la libération de prisonniers palestiniens.
«Nous avons au moins 7000 Palestiniens qui ont été enlevés par les Israéliens et nous les considérons tous comme des otages. S'il s'agit de la libération des otages, elle doit être appliquée des deux côtés», a-t-il précisé.
Comment le monde réagit-il?
Le secrétaire général de l'ONU António Guterres salue la résolution et appelle la communauté internationale à insister sur son application. «Un échec serait impardonnable», a déclaré l'homme sur X. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, lui a emboîté le pas: «L'application de cette résolution est cruciale pour la protection de tous les civils.»
Les Etats-Unis ont justifié leur abstention lors du vote: elle ne constituait «pas un changement de notre politique». Ils se sont abstenus parce que «le texte final ne contient pas le langage que nous considérons comme essentiel, comme une condamnation du Hamas», a déclaré la Maison Blanche.
Abdullah Ali Fadhel al-Saadi, ambassadeur de l'ONU pour le Yémen, a déclaré que le groupe arabe saluait la résolution. Néanmoins, il est clair que «nous devrions considérer cela comme une première étape menant à une autre résolution contraignante établissant un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza, afin de forcer Israël à mettre fin immédiatement et sans conditions préalables à la guerre qu'il a déclenchée contre la bande de Gaza».