Les Chinois ne veulent plus acheter de voitures. Seulement 1,73 million de véhicules ont été vendus en juillet. Cela représente une baisse de 5% par rapport au même mois de l'année précédente, a annoncé mercredi l'association professionnelle PCA. Le marché avait déjà enregistré une légère baisse en juin. Pour une économie qui ne connaît que la croissance depuis des années, c'est l'un des nombreux signes d'avertissement que quelque chose ne va pas.
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Que se passe-t-il en Chine?
L'économie chinoise est sur le point de perdre la bataille contre la déflation. Les prix baissent, la population chinoise reste malgré tout paresseuse à l'achat – et préfère économiser son argent. De ce fait, les chiffres d'affaires et les bénéfices des entreprises diminuent. Ces dernières réagissent en licenciant ou en n'engageant pas de nouveaux collaborateurs.
Conséquence? La population chinoise n'a plus d'argent à dépenser... une spirale infernale. En Chine, cela se manifeste de manière particulièrement grave par le taux de chômage élevé des jeunes, qui dépasse les 20%.
D'où viennent ces problèmes?
Les raisons sont multiples. L'une d'entre elles est la pandémie de Covid-19 et sa gestion inflexible par la Chine. Depuis, l'épargne des ménages a augmenté d'un énorme 50% par rapport au PIB. Les marchés financiers, et probablement le gouvernement chinois lui-même, ont sous-estimé l'importance de ces problèmes qui vont sans doute freiner la croissance pendant de nombreuses années.
De plus, le contrôle de l'Etat sur l'économie a énormément augmenté depuis 2015. Et la consommation privée de biens a chuté d'environ un tiers par rapport au début de la même année.
Comment sauver son pays de la déflation?
Pour une nation, il est beaucoup plus difficile de se sauver d'une déflation que d'une inflation. Une première étape consisterait à créer de nouveaux emplois, mais les entreprises chinoises n'ont pas les moyens de le faire. Solution possible: les banques centrales pourraient augmenter les liquidités (réserves d'argent disponibles) des plus petits établissements financiers.
En théorie, les banques peuvent accorder des crédits à des conditions plus avantageuses dès qu'elles reçoivent suffisamment de réserves d'argent de la part des banques centrales. Les entreprises ont ainsi la possibilité de créer de nouveaux emplois en investissant.
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La Chine peut-elle se sauver d'une manière ou d'une autre?
La situation en Chine peut être considérée comme un cas de «long Covid économique». Comme un patient souffrant de cette maladie, l'économie chinoise n'a pas retrouvé sa vitalité et reste inerte. Même maintenant que la phase aiguë – trois ans de mesures covid extrêmement strictes et coûteuses – est terminée.
La situation est systémique et le seul remède fiable – c'est-à-dire l'assurance crédible donnée à la population et aux entreprises qu'il existe des limites à l'ingérence économique du gouvernement – ne peut pas être fourni. Mais n'oublions toutefois pas que la Chine a toujours réussi à sauver son économie.
Aujourd'hui encore, Pékin veut stimuler la demande par de nombreuses mesures. Ainsi, le gouvernement central a récemment décidé d'encourager l'achat de voitures électriques et veut stimuler le tourisme. En outre, les logements devraient devenir plus abordables.
Pourquoi le monde entier s'inquiète-t-il?
La Chine est un débouché important pour de nombreux pays, dont la Suisse. Une économie chinoise qui ralentit signifie une baisse de la demande de produits en provenance de l'étranger, ce qui nuit aux entreprises et aux travailleurs qui dépendent des exportations vers la Chine.
Enfin, le Parti communiste chinois tire une grande partie de sa légitimité de la croissance continue de l'économie. Ainsi, si un ralentissement économique important menace d'affaiblir le pouvoir du parti, une conséquence probable serait une politique étrangère encore plus agressive et nationaliste.
Compte tenu de la guerre en Ukraine, du ralentissement de l'économie étasunienne et des problèmes de plus en plus évidents de la Chine, le risque d'une récession mondiale augmente. Comme l'a averti en avril l'économiste Kenneth Rogoff de l'université de Harvard, «un effondrement dans une région augmente la probabilité d'un effondrement dans les autres».