Doit-on incarcérer les femmes transgenres avec les hommes ou les femmes? Si cette question peut sembler simple en théorie, en pratique, elle ne l'est pas. Et pour cause, la loi sur le sujet est dans un flou total, que ce soit en Suisse ou ailleurs. L'histoire de la militante écologiste Penelope Frank rappelle un cas similaire survenu en Écosse il y a de cela quelques mois, dont Blick faisait une analyse de l'état actuel de la législation helvétique.
Mais avant tout chose, rappelons les faits. Celles et ceux qui ont pris l'avion de Zurich pour Berlin le 24 novembre 2022 ont dû s'armer de patience. Et pour cause, des activistes climatiques du groupe écologiste «Letzte Generation» s'étaient collés au tarmac de l'aéroport de Berlin. C'était le chaos dans le ciel: une cinquante d'avions avaient dû être détournés.
Dans l'attente d'une loi
Quelques mois plus tard, les militantes et militants doivent maintenant répondre de leurs actes. Penelope Frank est l'une d'entre eux. Selon le «Berliner Zeitung», l'activiste est une femme transgenre de 32 ans qui risque une peine de prison... mais dans un établissement pour hommes. Ceci parce que le sexe inscrit sur son passeport n'a pas encore pu être modifiée. Penelope Frank doit en effet attendre que la loi sur l'autodétermination entre en vigueur en Allemagne pour pouvoir faire le changement.
Cette loi a pour but de faciliter la modification de l'inscription du sexe et du prénom – ce qui pourrait ainsi influencer le lieu où elle sera incarcérée. Selon le ministre de la Justice allemand Marco Buschmann, une telle loi est en cours de planification et devrait bientôt s'appliquer à l'ensemble du territoire allemand.
«Transphobie accrue en prison»
Mais concrètement, pourquoi la jeune femme de 32 ans s'oppose-t-elle à un séjour dans une prison pour hommes? Sur la plateforme de dons «GoFundMe», elle parle de son énorme peur. Et pour cause, les personnes transgenres sont particulièrement vulnérables en milieu carcéral. Un constat partagé et confirmé par la jeune femme. Selon elle, une peine de prison dans un milieu masculin, en tant que femme transgenre, aurait «des conséquences plus dures à cause de l'hostilité trans accrue dans une prison pour hommes».
Mais le sort de Penelope Frank n'est pas encore scellé. D'une part, parce que la justice n'a pas encore donné son verdict. D'autre part, parce qu'à Berlin, les autorités ne décident pas du lieu de l'incarcération uniquement en fonction de l'état civil. Selon les déclarations d'une porte-parole de la justice au «Bild», la «sécurité et l'ordre des établissements pénitentiaires et des détenus» sont également pris en compte. En d'autres termes, la personne incarcérée est placée dans un établissement où sa sécurité est assurée.