«La nouvelle fusée de transport de satellites Cheollima-1 s'est abîmée dans la mer de l'Ouest», le nom coréen de la mer Jaune, a expliqué KCNA. L'agence de presse étatique explique cet échec par «une perte de poussée due à un démarrage anormal du moteur du deuxième étage, après la séparation du premier étage pendant un vol normal».
Le projectile a «rapidement disparu des radars avant d'atteindre son point de chute attendu», selon l'armée sud-coréenne citée par l'agence Yonhap. L'armée a ensuite annoncé qu'elle avait commencé à récupérer des «débris présumés» de l'appareil dans des eaux situées à 200 kilomètres à l'ouest de l'île d'Eocheong.
Le tir, survenu tôt mercredi, a semé la confusion au Japon et dans la capitale sud-coréenne, Séoul, où les sirènes ont retenti, assorties d'une alerte d'urgence critique envoyée par la mairie à 06h41, accompagnée d'une sonnerie tonitruante, sur tous les téléphones mobiles de la ville.
«Les enfants d'abord»
L'alerte, qui exhortait les habitants à se préparer pour une évacuation en faisant passer les «enfants et les personnes âgées d'abord», a ensuite été annulée, le ministère sud-coréen de l'intérieur, invoquant une erreur. Selon l'armée sud-coréenne citée par Yonhap, la fusée a bel et bien survolé la mer Jaune, mais sans affecter la zone métropolitaine de Séoul.
Une alerte au missile a également été émise dans le département japonais d'Okinawa (sud), appelant la population à se mettre à l'abri. Elle a été levée par le gouvernement, 30 minutes plus tard.
La Corée du Sud a qualifié l'engin de «satellite-espion» présumé, tandis que Tokyo a condamné «fermement» le tir par la Corée du Nord, dénonçant une violation des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU.
Les Etats-Unis ont également condamné ce lancement, qui utilise «la technique des missiles balistiques» et «risque de déstabiliser la situation sécuritaire dans la région et au-delà», a estimé Adam Hodge, porte-parole du conseil de sécurité nationale américain.
«Missile balistique» pour Tokyo
Bien qu'il ne communique pas à l'avance sur ses essais de missiles, le régime informe généralement sur ses programmes spatiaux présentés comme pacifiques. Il avait prévenu que ce lancement interviendrait entre le 31 mai et le 11 juin.
«Ce qui est inquiétant, c'est que le lancement du satellite mobilise la même technologie que pour un missile balistique, ce qui serait une violation des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU», a expliqué Soo Kim, ancien analyste de la CIA.
En 2012 et 2016, la Corée du Nord avait réalisé des tests de missiles balistiques en les qualifiant de lancements de satellites. Les deux projectiles avaient survolé la région d'Okinawa.
Cinq satellites lancés
Selon des spécialistes, la Corée du Nord ne dispose d'aucun satellite en fonctionnement, bien qu'elle en ait envoyé cinq vers l'espace. Trois lancements ont échoué. Quant aux deux autres appareils, qui ont vraisemblablement été mis en orbite, aucun organisme indépendant n'a jamais capté leurs signaux, laissant penser à un dysfonctionnement.
Critiquant les récentes manoeuvres militaires entre Washington et Séoul, un haut responsable nord-coréen avait déclaré mardi que son pays ressentait «le besoin de développer ses moyens de reconnaissance et d'information ainsi que d'améliorer diverses armes défensives et offensives».
Pour Leif-Eric Easley, professeur à l'université Ewha de Séoul, le succès de la mission importe moins que la capacité de Pyongyang à construire un discours de propagande et une nouvelle rhétorique diplomatique autour de ses capacités spatiales, de manière à déstabiliser Séoul et Tokyo.
(ATS)