Le bloc moteur est partiellement démonté, tout comme le tube à canon et le motoréducteur à courant continu. On comprend mieux maintenant pourquoi l'État fédéral a vendu aux Allemands 25 chars de combat Leopard 2, retirés du service, pour un montant «faible à deux chiffres» de plusieurs millions. Les colosses en acier sont en effet loin d'être en bon état.
C'est ce qui ressort du contrat de vente portant le numéro 4780002844 entre l'Office fédéral de l'armement (Armasuisse) et le groupe d'armement allemand Rheinmetall. Seuls les chiffres de vente détaillés sont indiqués dans le document de 24 pages. La ministre de la Défense Viola Amherd ne les avait pas mentionnés au Conseil national. Le prix exact reste un secret d'État, à la demande des acheteurs allemands.
Berlin devra investir beaucoup d'argent et de travail sur ces chars
En février, le ministre allemand de la défense Boris Pistorius et son collègue de l'économie Robert Habeck avaient officiellement demandé à la Suisse de pouvoir racheter une partie des 96 chars, mis hors service, depuis des années en Suisse orientale. Les Leopards sont destinés à remplacer les chars que Berlin a livré à l'Ukraine. Après une longue lutte, le Conseil fédéral a donné son feu vert fin novembre.
Au Parlement fédéral, on a eu l'impression que Viola Amherd avait vendu ces chars à un prix avantageux. Après tout, la commission budgétaire du Bundestag allemand avait débloqué en mai 525 millions d'euros pour 18 chars Leopard 2, soit près de 30 millions chacun. Toutefois, ces derniers étaient comme neufs. On ne peut pas en dire autant de ces chars suisses d'occasion.
En plus des blocs moteurs et des canons d'armes à feu, l'appareil de levage, le tube de rejet ou encore les couvercles des trappes d'évacuation d'urgence ont été entièrement démontés sur de nombreux chars. La plupart de ces véhicules, mis au rebut depuis longtemps, sont également remplis de moisissures. L'Allemagne devra encore investir beaucoup d'argent et de travail sur ces chars pour les rendre à nouveau aptes au combat.
Le gouvernement fédéral est très satisfait de l'accord
Soudain, un prix de «quelques dizaines de millions» ne semble pas si mauvais. La Confédération a par ailleurs négocié une clause supplémentaire. Ainsi, selon Viola Amherd, Rheinmetall s'est engagé à passer des commandes à des entreprises suisses «à hauteur de la totalité du prix d'achat». En fin de compte, le gouvernement fédéral se montre très satisfait de l'accord établi avec ces chars.
La Confédération a même obligé les Allemands à prendre en charge les coûts de stockage et d'entretien s'ils ne prenaient pas possession des chars dans les délais. Et le contrat de vente le montre bien, même pour le matériel de guerre, les factures doivent être réglées dans les 30 jours.