L'armée ukrainienne patine, malgré les armes fournies par l'Occident. L'armée russe, elle, a érigé un mur de défense, sécurisé ses positions et miné les territoires conquis. Elle annonce même de nouveaux succès, et ce, malgré certaines pertes rapportées par le portail d'analyse «Oryx».
Les Russes ont également réussi à se ravitailler en matériel. Plusieurs images montrent ainsi des chars de grenadiers de type BTR-82A, ainsi que des chars de combat de type T-90M circuler sur les différents champs de bataille, et dans les zones occupées de la région de Donetsk.
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Pour l'expert militaire allemand Ralph D. Thiele, de l'Institut de conseil en stratégie, politique, sécurité et économie, la raison de cette puissance matérielle est simple: «L'économie de guerre tourne à plein régime en Russie. Des séries entières d'engins sont produites chaque mois, des chars aux drones en passant par des équipements électromagnétique, un domaine qui prend de plus en plus d'importance.» Désormais, la production russe de chars dépasse même quantitativement celle de l'Occident.
Développer de nouveaux systèmes de combats
Pour les besoins de la guerre, la portée de certains systèmes d'armement russe a été augmentée, des munitions plus efficaces y ont été intégrées. Pour Ralph D. Thiele, la clé du succès sur le terrain réside en effet dans la masse de munitions d'artillerie disponibles, ainsi que dans la maîtrise des airs par drones: «Nous devons nous attendre à ce que des essaims de drones orchestrés par l'intelligence artificielle soient utilisés l'année prochaine.»
Ces combinaisons de drones sont également développées aux États-Unis sous le nom de «Super Swarm». Leurs objectifs sont multiples: certains sont au cœur d'attaques coordonnées, certains détournent la défense aérienne, d'autres effectuent des vols de reconnaissance ou transportent des bombes.
De nouveaux horizons commerciaux en Extrême-Orient
Pour Ralph D. Thiele, les sanctions occidentales contre Moscou n'étaient que des «pétards mouillés». L'économie russe s'est en effet tournée vers l'Extrême-Orient et les pays du Brics (Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud). En Extrême-Orient, la Russie se fournit aussi en technologies bon marché pour drones, missiles de longue portée, munitions intelligentes et tout un tas d'autres systèmes basés sur l'IA.
Mais la Russie n'est pas la seule à tirer profit des nouvelles alliances. Ces marchés profitent inversement des matières premières russes. Pire: par des voies détournées, l'Occident continue également d'acheter des matières premières russes, mais à un prix plus élevé compte tenu de tous les nouveaux intermédiaires.
Les technologies occidentales continuent, elles aussi, de transiter par la Russie, là encore par des voies détournées: «La Russie peut ainsi couvrir ses besoins en matériel et en technologies», souligne Ralph D. Thiele.
«Les choses ne s'annoncent pas bien» pour l'Ukraine
Le Kremlin a annoncé une augmentation massive du budget de l'armée dès 2024. Les dépenses militaires devraient ainsi augmenter d'environ 20 milliards pour atteindre 106 milliards d'euros. C'est 6% du produit intérieur brut (PIB). À titre de comparaison, les États-Unis ne consacrent que 3,5% de leur PIB aux dépenses militaires.
«Le tournant pris par la Russie peut financer la guerre à long terme», estime Ralph D. Thiele. Le pays s'est préparé à une longue guerre d'usure, prenant de court l'Occident et tandis que l'Ukraine perd des hommes, du matériel et, petit à petit, sa motivation. Et l'expert militaire de conclure au sujet de l'Ukraine: «Les choses ne s'annoncent pas bien.»