Le 24 février, Moscou lançait une attaque brutale sur l'Ukraine. Aujourd'hui, près de dix mois après le début de cette guerre, où en sommes-nous exactement? Les réponses à sept questions essentielles.
Qui a actuellement le dessus en Ukraine?
Les Ukrainiens eux-mêmes. La libération de la métropole de Kherson au sud, la défense de la ville de Bakhmout dans le Donbass à l'est, et la multiplication des attaques ukrainiennes contre des cibles militaires russes – par exemple dans la ville russe de Belgorod ou dans la ville de Melitopol en Crimée, occupée par la Russie et située loin derrière le front – indiquent que les Ukrainiens restent confiants. Selon les données de l'armée de Kiev, près de 100'000 soldats russes sont en outre déjà tombés en Ukraine. L'armée américaine semble confirmer cette estimation, en précisant toutefois que le côté ukrainien a perdu à peu près le même nombre de combattants.
À lire aussi sur la guerre en Ukraine
Où les combats sont-ils les plus violents?
Autour de la petite ville de Bakhmout, près de Donetsk. «Bakhmout est le point chaud sur l'ensemble du front de guerre de 1300 kilomètres», a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors de sa visite surprise mardi. Avant la guerre, plus de 70'000 personnes y vivaient. Aujourd'hui, la ville ressemble à «une ruine en feu».
Stratégiquement, l'agglomération n'est pas sans importance. Si les Russes parviennent à la conquérir, les deux grandes villes ukrainiennes de Sloviansk et Kramatorsk seront directement menacées. En plus de l'armée russe, Vladimir Poutine déploie depuis peu dans la région les combattants du groupe Wagner, recrutés pour la plupart dans les prisons et réputés pour leurs manières brutales. Cette troupe a subi de lourdes pertes depuis le début de la guerre, mais reste opérationnelle.
La situation humanitaire est-elle grave?
Très certainement. Après une panne totale, les centrales de chauffage et l'approvisionnement en eau fonctionnent à nouveau dans la capitale Kiev, mais dans d'autres régions, l'accès aux services de base est parfois devenu impossible malgré les températures négatives. Les attaques quotidiennes de drones et de missiles sur presque toutes les grandes villes d'Ukraine rendent les efforts de réparation extrêmement difficiles en de nombreux endroits. Olena Dergunova, habitante de la ville de Sloviansk dans le Donbass, déclare à Blick: «Tout cela me fait l'effet d'une émission de téléréalité où le monde entier regarde et décide si nous allons survivre ou non.»
Valeri Zaloujny, le commandant en chef ukrainien, met en garde dans une interview avec le magazine britannique «The Economist» contre le grand danger de nouveaux blackouts: «Les femmes et les enfants des soldats commenceront alors à avoir froid. Qu'est-ce que cela va faire aux combattants? Pouvons-nous préparer nos réservistes au combat si nous n'avons ni eau, ni lumière, ni chaleur?»
Comment se sent Volodymyr Zelensky après dix mois de guerre ininterrompue?
Lors de ses apparitions régulières dans les médias et sur ses messages vidéo quotidiens, Volodymyr Zelensky semble toujours incroyablement serein et confiant. Il rend visite aux troupes sur le front et accueille les visiteurs étrangers. Dans une interview accordée à l'ancien showman américain David Letterman, le président ukrainien a déclaré: «Après la guerre, je veux juste aller à la mer et boire une bière.»
Mercredi, l'annonce du gouvernement américain de recevoir Volodymyr Zelensky à Washington a créé la surprise. Il s'agit de son premier voyage à l'étranger depuis le début de la guerre. Ainsi, le fait que cette visite soit possible malgré l'attaque russe en dit long.
Le dirigeant biélorusse Alexandre Loukachenko s'immiscera-t-il dans la guerre?
Ce serait le plus grand souhait de Vladimir Poutine. Une intervention de l'armée biélorusse ouvrirait un nouveau front et occuperait les forces ukrainiennes cantonnées dans le nord. Le chef du Kremlin a même rendu visite à Alexandre Loukachenko en début de semaine. Mais le président biélorusse semble réticent. Les experts américains de l'Institute for the Study of War (ISW) considèrent qu'une intervention active de Minsk dans la guerre en Ukraine est «extrêmement improbable», pour l'instant.
Entre-temps, les Moldaves sont également inquiets. Les services secrets du voisin occidental de l'Ukraine estiment que la Russie pourrait lancer une attaque contre leur pays dès le début de l'année 2023 et occuper officiellement la province sécessionniste de Transnistrie.
Des négociations de paix vont-elles bientôt avoir lieu?
Cela aussi reste peu probable. Du point de vue des deux belligérants, des négociations de paix n'auront de sens que lorsque leurs moyens militaires seront épuisés. Or, la Russie a encore des centaines de milliers d'hommes à envoyer à la guerre. Et l'Ukraine a encore reçu la semaine dernière 275 millions de dollars d'aide militaire américaine.
Les Russes ont récemment refusé une offre de négociation des Américains. Le récent échange de prisonniers entre Moscou et Washington (la basketteuse Brittney Griner, arrêtée en Russie, a été libérée en échange du marchand d'armes Viktor Bout, détenu aux États-Unis) montre toutefois que les discussions diplomatiques entre les deux leaders mondiaux se poursuivent en coulisses.
Comment se présente la suite de la guerre?
L'ex-général australien Mick Ryan écrit sur Twitter que les semaines à venir seront marquées par une impasse tendue en Ukraine. Les deux camps seraient en train de réarmer leurs troupes et d'augmenter leurs stocks de matériel en vue de la prochaine grande bataille de 2023. Le commandant en chef ukrainien, Valeri Zaloujny, a lui aussi récemment laissé entendre que celle-ci pourrait concerner la capitale. «Les Russes sont en train de constituer une force de 200'000 nouveaux soldats, a-t-il déclaré. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'ils tenteront à nouveau de s'emparer de Kiev.» Un tel scénario pourrait se présenter pas plus tard qu'en janvier prochain, selon le général.