Plus de 200 morts, des destructions considérables et un pays en état de choc. Tel est le bilan des inondations dévastatrices et historiques qui ont touché certaines régions d'Espagne dans la nuit de mardi à mercredi.
La région de Valence a été particulièrement frappée: plus de 200 personnes sont mortes. Ce chiffre pourrait encore augmenter dans les heures à venir, car de nombreuses victimes sont portées disparues. Il n'existe pas de chiffre officiel sur le nombre de personnes encore coincées dans des voitures ou autres.
Bien que la surprise provoquée par des pluies aussi violentes soit dans l'esprit de chacun, on se demande déjà comment une telle catastrophe a pu se produire. Quatre causes se distinguent.
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Des précipitations exceptionnelles
Le fait que ces régions espagnoles soient souvent frappées par de fortes pluies et des tempêtes en septembre et octobre n'a rien d'exceptionnel en soi. Mais les précipitations mesurées ces derniers jours ont battu tous les records. Dans la province de Valence, il est tombé jusqu'à 500 litres d'eau par mètre carré. Dans certaines villes, il a plu en une heure plus que le reste de l'année.
Comme l'explique à «The Conversation» José María Bodoque, un chercheur spécialisé dans l'évaluation des risques d'inondation à l'université de Castille-La Manche, «les précipitations ont rapidement saturé les sols, provoquant des inondations soudaines dans les torrents, les canaux et les boulevards, qui ont éclaté en quelques heures».
Une protection insuffisante contre les catastrophes
Même si, pour les personnes touchées par les inondations, la priorité est de protéger leurs biens et d'aider leurs proches, on recherche d'éventuels coupables. Dans les médias et sur Internet, on se demande si les autorités auraient dû avertir les citoyens plus tôt, ou mieux.
Ainsi, le service météorologique espagnol Aemet a mis en garde dès dimanche contre de fortes pluies et a même relevé le niveau d'alerte au rouge mardi matin. Mais plusieurs heures se sont écoulées avant que la population ne soit directement avertie de l'imminence du désastre. Ce n'est que mardi soir, à 20h15, que l'alerte de la protection civile est apparue sur les téléphones portables des citoyens. Mais c'était déjà trop tard, de nombreuses localités étaient inondées et des personnes étaient mortes.
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Dans le monde politique, on ne se prive pas non plus de rejeter la faute sur les autres. Selon le président régional de Valence Carlos Mazón, le coupable se trouve à des centaines de kilomètres de là, au palais de la Moncloa à Madrid: Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol. Madrid aurait dû déclarer l'état d'urgence national. Tout serait allé plus vite, Carlos Mazón en est convaincu.
Le ministère espagnol de l'Intérieur rejette ces accusations. Dans de telles situations, il incombe aux autorités régionales de déclencher l'alerte de la protection civile. Madrid a laissé aux autorités locales la gestion de la crise, car elle partait du principe que Carlos Mazón avait la situation sous contrôle, a-t-on ajouté au palais de la Moncloa.
Désorganisation de la planification urbaine
Mais la pluie n'est pas la seule responsable des inondations et des victimes. L'ampleur du phénomène est également liée à la planification urbaine. Valence compte de nombreux cours d'eau saisonniers, normalement secs, mais soumis à des inondations occasionnelles. Selon le chercheur José María Bodoque, l'urbanisation croissante des espaces fluviaux, des canaux et des boulevards est particulièrement problématique.
Autre point sensible: La région compte désormais une très forte densité de routes et de voies ferrées qui traversent les rivières et provoquent un effet de barrage en cas d'inondation. Pour éviter de telles catastrophes, les experts veulent prendre davantage en compte les nouveaux risques lors de la planification urbaine. Ils souhaitent également envisager des mesures basées sur la nature, comme la plantation de végétation sur les rives.
Mais les critiques ne s'arrêtent pas là. Le plan d'action pour la prévention des risques d'inondation à Valence a été mis à jour pour la dernière fois en 2015. Et c'est un problème. Car il est indiqué que 12% des 600'000 habitants de l'époque sont exposés au risque d'inondation. Plusieurs spécialistes de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme estiment qu'il est urgent d'agir, car la zone à risque est désormais beaucoup plus vaste.
Les effets du changement climatique
Des dépressions isolées de haut niveau et les fortes pluies qui les accompagnent en peu de temps sont un phénomène fréquent à la fin de l'été dans le Levant espagnol. Ce phénomène, appelé «cold drop», se produit lorsqu'une masse d'air polaire isolée commence à circuler à très haute altitude et entre en collision avec l'air plus chaud et plus humide qui caractérise la Méditerranée à la fin de l'été. Cela déclenche souvent des tempêtes qui évacuent de grandes quantités d'eau en peu de temps.
Les experts précisent toutefois que le changement climatique contribue à la fréquence et à l'intensité de tels phénomènes météorologiques. Ainsi, un rapport préliminaire de l'organisation académique World Weather Attribution, qui s'occupe d'évaluer l'impact du réchauffement climatique sur les événements extrêmes, a établi que le changement du climat a augmenté de 12% l'intensité des précipitations sur l'Espagne et a doublé la probabilité d'événements extrêmes.