Polémique au sein de la communauté scientifique
Pour Roland Wiesendanger, le Covid serait quand même un accident de laboratoire

Pour le professeur de physique Roland Wiesendanger, c'est un accident de laboratoire qui est à l'origine de la pandémie de coronavirus. Il accuse même des scientifiques connus de conspirationnisme.
Publié: 05.02.2022 à 16:49 heures
|
Dernière mise à jour: 06.02.2022 à 09:57 heures
Photo: Zvg
Fabian Vogt

Plus de deux ans après le début de la pandémie de coronavirus, l'une des questions les plus importantes reste sans réponse: comment le virus a-t-il passé à l'homme?

Presque tous les experts estime que le Covid-19 provient d'une chauve-souris. La manière dont il aurait été transmis aux humains n'a pas été élucidée avec certitude à ce jour. Mais la majorité des scientifiques affirment que le processus est d'origine naturelle. Mais il existe également une théorie selon laquelle le virus proviendrait d'un accident de laboratoire à Wuhan.

Cette hypothèse revient sur le devant de la scène ces derniers jours. Et pour cause: Roland Wiesendanger – un physicien, et non pas un virologue – s'en prend dans la «NZZ» et dans «Cicero» à des scientifiques renommés tels que Anthony Fauci ou Christian Drosten. Plus encore, il accuse les deux personnalités d'avoir conspiré pour délégitimer la théorie du laboratoire.

Il y a un an, le professeur Wiesendanger avait publié une étude selon laquelle un accident de laboratoire à l'institut de virologie de la ville de Wuhan serait à l'origine de la maladie. Il affirme que depuis lors, aucune découverte ne lui a permis de douter de cette hypothèse. Il admet toutefois qu'il n'y a pas de preuve définitive.

Séquence ajoutée?

Selon le professeur de physique de Hambourg, l'indice décisif est une séquence particulière du virus que l'on appelle «site de clivage de la furine» . Celle-ci permet au Covid-19 de pénétrer facilement dans le corps humain et joue un rôle dans la transmission du virus.

Or, selon Roland Wiesendanger, le potentiel virus original de la chauve-souris ne possèderait pas ce «site de clivage». Ce dernier aurait été implanté de manière expérimentale par le laboratoire de Wuhan.

L'Allemand remet ainsi en cause des scientifiques connus comme Christian Drosten. Avec d'autres scientifiques, le virologue avait déjà déclaré au printemps 2020 dans la revue médicale «The Lancet» que la théorie du laboratoire était une «théorie du complot». Aujourd'hui, l'hypothèse de l'erreur humaine fait son retour. Et Roland Wiesendanger n'hésite pas à accuser ouvertement ses collègues.

De graves accusations

«On n'a probablement jamais vu chose pareille: qu'un groupe de plus de vingt représentants d'une spécialisation scientifique, à savoir la virologie, induise le public en erreur de cette manière», accuse le physicien en faisant référence à l'article mentionné plus haut.

Trois semaines plus tôt, le 1er février 2020, Christian Drosten et d'autres scientifiques avaient participé à une conférence téléphonique avec le conseiller présidentiel américain Anthony Fauci. Il y était notamment question du «clivage de la furine». Entre-temps, des extraits de courriels que les scientifiques se sont échangés avant et après la conférence ont été rendus publics.

L'on apprend donc, que les scientifiques ont débattu de la provenance de ce «clivage de la furine» et s'il pouvait être d'origine artificielle. Pour Roland Wiesendanger, il n'y a pas eu débat: «A l'issue de la conférence, il s'agissait plutôt de savoir comment communiquer ce soupçon au public – ou pas.»

«Et il est également documenté qu'Anthony Fauci a considérablement influencé cette publication. De même, la lettre ouverte a été organisée dans la revue 'The Lancet'. Tout cela s'est passé dans les trois jours qui ont suivi la conférence téléphonique. Cela montre clairement, à mon avis, qu'il y a eu des tentatives de dissimulation. Et que les personnes impliquées ont proféré toute une série de contre-vérités.», lance le physicien.

Le grand public trompé?

Si Roland Wiesendanger suppose que les scientifiques ont pu être influencés par Anthony Fauci, c'est parce que c'est lui - et, indirectement, les Etats-Unis - qui décide des grandes sommes allouées ou non aux subventions scientifiques.

Il cite en exemple l'étude du virologue Kristian G. Andersen publiée dans la revue spécialisée «Nature» à la mi-mars 2020. Selon le physicien allemand, aucune contribution n'a autant marqué le débat sur les origines de la pandémie. Dans l'introduction de l'étude, Kristian G. Andersen écrit qu'il ne fait aucun doute que le virus n'est pas apparu dans un laboratoire. Mais n'en donne aucune preuve scientifique, avance Roland Wiesendanger. Il estime qu'il faudrait rendre publique la base de données du laboratoire de Wuhan, et consulter la totalité des courriels échangés après la conférence d'Anthony Fauci du 1er février pour résoudre l'énigme.

Or, il faut noter que les recherches d'un Christian Drosten, par exemple, ne dépendent pas des financements octroyés ou non par l'administration d'Anthony Fauci. Les propos de Roland Wiesendanger ne sont pour l'heure soutenus par aucune preuve tangible.

Christian Drosten s'en prend aux médias

Après les interviews polémiques de Roland Wiesendanger, Christian Drosten se défend. Il écrit sur Twitter: «Cicero (le média qui a publié l'interview en premier, ndlr) offre la scène à un personnage extrême, et provoque ainsi des attaques personnelles contre ma personne via des questions suggestives. Les réponses demeurent quant à elles dans le registre de l'insinuation et du jugement de valeur, alors que les affirmations factuelles solides sont éludées. Ce n'est pas une interview, mais un incident.»

Il est également frappant de constater qu'une «interview au contenu identique jusqu'à la formulation» est parue simultanément dans la «NZZ». Christian Drosten se demande donc sur Twitter: «Est-ce que quelqu'un mène une campagne contre moi?» Sans préciser davantage ses soupçons.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Quelques heures plus tard, il partage, «en raison des circonstances», une étude scientifique datant de l'été 2021 et intitulée: «Science, not speculation, is essential to determine how SARS-CoV-2 reached humans» (La science, et non pas la spéculation, est essentielle pour déterminer comment le SARS-CoV-2 a contaminé l'être humain).

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

(Adaptation par Daniella Gorbunova)

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la