Près de septante missiles et des dizaines de drones kamikazes ont été lancés jeudi matin par les troupes de Vladimir Poutine sur l'Ukraine. Il s'agit d'une des attaques les plus violentes de ces derniers mois, mais la défense aérienne ukrainienne a pu intercepter plus des trois quarts des projectiles. Les villes d'Odessa et de Dnipro, qui comptent un million d'habitants, ont néanmoins dû couper l'électricité à titre préventif. Dans la capitale Kiev, près de la moitié des habitants étaient de nouveau privés de courant.
«La Russie ne veut pas laisser l'Ukraine reprendre son souffle, même après la fin de l'année, explique Marcel Berni, expert à l'Académie militaire de l'EPFZ. Pour le Kremlin, l'Ukraine doit sombrer dans le froid et l'obscurité.» Selon lui, la stratégie de l'armée russe consiste toujours à démoraliser la population civile.
Selon Marcel Berni, le système de défense antiaérienne Patriot, normalement livré prochainement par les États-Unis, pourrait à l'avenir aider à défendre encore plus efficacement les positions terrestres et les villes importantes contre de nouvelles attaques de missiles. «Il faudra toutefois encore des mois avant que le système Patriot puisse être utilisé en Ukraine», nuance-t-il.
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Aveu de faiblesse de la Russie?
«Le système Patriot pourrait faire une différence décisive à l'avenir, lorsque la Russie misera de plus en plus sur les missiles balistiques Iskander, retenus jusqu'à présent», ajoute Niklas Masuhr, chercheur en stratégie au Center for Security Studies de l'EPFZ. «Mais les systèmes Patriot ne constituent pas un bouclier impénétrable, précise-t-il. Comme tout système de défense aérienne, ils peuvent être contournés, brouillés électroniquement ou saturés par une multitude de missiles tirés.»
Pour l'heure, la dixième attaque coordonnée de missiles russes contre des cibles civiles en Ukraine pourrait être motivée par l'arrêt de l'avancée dans le Donbass. Selon le groupe de réflexion américain Institute for the Study of War (ISW), la Russie n'a plus les capacités militaires nécessaires pour poursuivre ses attaques sur la ville de Bakhmout, disputée depuis des mois. Le fait que plusieurs représentants politiques de haut rang au sein du gouvernement ukrainien – et notamment le président Volodymyr Zelensky en personne – aient pu se rendre à Bakhmout et s'entretenir avec les troupes sur place en est la preuve.
Des négociations de paix restent improbables
Selon l'ISW, un autre indice de la crise russe sur le champ de bataille est la diminution apparente des unités de combat, ce qui indique des pertes humaines massives. Selon des sources gouvernementales ukrainiennes, 790 soldats russes ont été tués rien que ce dernier mercredi de l'année.
Malgré tout, plus de dix mois après le début de la guerre, l'expert militaire Marcel Berni ne conçoit pas un dénouement proche: «Je ne vois pour l'instant pas de potentiel pour des négociations de paix ou même de cessez-le-feu.» Selon lui, les exigences des deux parties sont trop divergentes: «Cette guerre n'est malheureusement pas encore mûre pour des négociations.»