«Personne n'a besoin d'un F-35»
L'ex-patron d'Airbus alerte contre la dépendance à la technologie de guerre américaine

Tom Enders considère que l'achat des avions de chasse F-35 est inutile. Il recommande plutôt une armée européenne de drones et met en garde contre la dépendance à la technologie d'armement américaine.
Publié: 09:34 heures
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Dernière mise à jour: 09:36 heures
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La présidence de Donald Trump met à mal l'achat des F-35.
Photo: keystone-sda.ch
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Joschka Schaffner

Le président américain Donald Trump inquiète l'Europe, qui hésite aujourd'hui à renoncer à l'achat des avions de combat américains F-35. La Suisse aussi a des doutes. C'est désormais au tour d'un ancien dirigeant d'Airbus d'en rajouter une couche.

Selon Tom Enders, aujourd'hui président du think thank allemand Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik (Société allemande de politique étrangère), l'Europe pourrait se passer de ces avions de combat pour sa défense aérienne. «Personne n'a besoin d'un F-35», affirme-t-il dans une interview avec le «Frankfurter Allgemeine Zeitung», relayée par «CH Media». 

Une armée de drones plutôt que des avions

Selon lui, l'Europe devrait plutôt miser sur une armée de drones, comme l'avait d'ailleurs évoqué l'année dernière Elon Musk sur X. La solution des drones serait plus rapide, moins chère et plus flexible. L'ex-cadre demande même un abandon total de la technologie d'armement américaine. «Nous ne pouvons tout simplement pas fermer les yeux sur le fait que ce gouvernement américain est désormais devenu un adversaire et n'est plus un allié», affirme-t-il. 

La Suisse aussi est en plein questionnement. Il y a une semaine, Viola Amherd a reçu des dizaines de questions remettant en question la fiabilité des Etats-Unis. Et plus particulièrement du camp de la gauche, qui voit dans l'arrivée de Donald Trump l'occasion rêvée d'annuler l'achat des avions de combat. Des doutes subsistent aussi sur le fait que les Etats-Unis continueront de garantir (ou non) le prix fixe de six milliards de francs pour 36 avions furtifs F-35. Le Contrôle fédéral des finances (CDF) avait aussi exprimé des doutes. 

La Confédération tient à ses F-35

Le Conseil fédéral continue de partir du principe que les Etats-Unis respecteront leurs obligations légales envers la Suisse, comme l'a souligné le Département de la défense de Viola Amherd. Tout comme pour le contrat d'achat des jets.

Le contrat pourrait être résilié, estime Viola Amherd. Elle met toutefois en garde: «La Suisse serait obligée de supporter tous les coûts qui résulteraient de cette résiliation.» A l'heure actuelle, la Confédération a déjà déboursé 700 millions de dollars américains (l'équivalent d'un peu plus de 616 millions de francs). 

Pour le Conseil fédéral, les nouveaux avions de combat sont essentiels pour assurer la défense du pays. Si la Confédération affirme vouloir limiter sa dépendance vis-à-vis de l'armement étranger, elle estime que les Etats-Unis feront toujours partie de ses principaux partenaires.

L'Europe comme alternative?

Le gouvernement suisse partage plus ou moins les craintes de l'ex-patron d'Airbus et d'une partie du Parlement. D'autres pays adoptent en revanche une position plus ferme, comme le Portugal. Le ministre de la Défense Nuno Melo a directement remis en question l'achat de F-35 dans une interview. Son homologue canadien, Bill Blair, a de son côté annoncé chercher des alternatives.

Mais en existe-t-il vraiment? Selon les spécialistes, les avions de combat européens Rafale et Gripen ne peuvent pas rivaliser avec les F-35. Mais Tom Enders a une autre vision: selon lui, l'Europe serait tout à fait en mesure de produire des systèmes d'armement compétitifs. Il donne l'exemple du système franco-italien de défense SAMP/T. Selon Tom Enders, ce système est «équivalent» aux missiles Patriot des Etats-Unis. A garder en tête: en tant que représentant de l'industrie européenne de l'armement, ses propos reflètent probablement un intérêt personnel.

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