Sur un site internet baptisé le «Musée de la contrefaçon», le collectif MSCHF affirme avoir acheté un dessin de 1954 du maître du pop art, «Fairies» ("Fées"), qu'il estime à 20'000 dollars, en avoir produit 999 répliques exactes et avoir mêlé l'original aux faux, en assurant ne plus savoir désormais où se trouve «le bon» Warhol.
Mis en vente lundi, les 1000 exemplaires de ce que MSCHF considère être une nouvelle oeuvre, intitulée «Peut être une vraie copie des fées d'Andy Warhol», «ont tous été vendus le même jour» 250 dollars pièce, a affirmé le collectif.
MSCHF (prononcer «Mischief», malice en anglais) a mis en ligne une vidéo montrant la technique utilisée: un bras robotique pour recopier le dessin, un processus de «vieillissement artificiel» grâce à la lumière et à la chaleur, puis la reproduction manuelle du sceau de la fondation Warhol et des annotations au crayon, a expliqué l'un des membres, Kevin Wiesner, dans un courriel à l'AFP.
«Si un conservateur (d'art) était en mesure d'inspecter chaque dessin côte à côte, il finirait par découvrir l'original, mais ce scénario a peu de chances de se produire», a-t-il ajouté.
Critiques
Au-delà d'une juteuse opération financière, le total des ventes s'élevant à 250'000 dollars, MSCHF affirme vouloir critiquer les concepts d'"authenticité» et d'"exclusivité» qui prédominent dans le marché de l'art, par cette opération de «verrouillage» d'une oeuvre de Warhol. «Notre objectif est de 'détruire' le dessin en brisant la chaîne de confiance», assure Kevin Wiesner. Contactée par l'AFP, la Fondation Warhol n'a pas immédiatement réagi.
MSCHF, un collectif créé en 2016 et basé à Brooklyn, s'est spécialisé dans les opérations de réappropriation d'oeuvres d'art ou d'objets commerciaux.
L'une des dernières en date, la création et la vente des baskets «sataniques» (pour 1018 dollars la paire) dont les semelles étaient censées contenir une goutte de sang humain, en partenariat avec le rappeur américain Lil Nas X, a conduit le fabricant initial du modèle, Nike, à attaquer MSCHF en justice pour contrefaçon et dilution de la marque. Le collectif s'était alors résolu à rappeler les «Satan shoes».
(ATS)