Passeports serbes plus reconnus
Face à la pression, le Kosovo retarde ses nouvelles règles d'entrée

À partir de lundi minuit, le Kosovo avait décidé de ne plus reconnaître les papiers d'identité serbes et de délivrer des permis de séjour provisoires. Face à la tension et la pression internationale, le pays fait désormais marche arrière.
Publié: 03.08.2022 à 06:07 heures
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Dernière mise à jour: 03.08.2022 à 06:12 heures
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La situation est tendue au nord du Kosovo.
Photo: Screenshot Le Canton 27
Blick/ATS

Des minoritaires serbes du Kosovo ont démantelé lundi les barricades érigées dans le nord du territoire après le report par Pristina de mesures qu’ils jugent vexatoires. Il s’agit du dernier accès de tensions en date dans l’ex-province serbe.

Selon une correspondante de l’AFP, les protestataires ont enlevé les camions et autres véhicules lourds qui bloquaient depuis dimanche l’accès à deux postes frontaliers avec la Serbie dans une atmosphère lourde de dissensions.

La police kosovare avait déclaré avoir essuyé des tirs à quatre reprises, sans qu’il n’y ait de victimes. Elle a fait état de «mauvais traitements» subis par des Albanais du Kosovo.

Permis de séjour temporaires

Ce nouvel accès de violences fait suite à la décision de Pristina d’imposer de nouvelles règles administratives et frontalières aux Serbes. En vertu de ces mesures, qui devaient entrer en vigueur lundi, les autorités kosovares fournissaient des permis de séjour temporaires aux personnes entrant au Kosovo avec une carte d’identité serbe. Les autorités kosovares avaient cessé de reconnaître les documents d’identité serbes aux postes-frontières.

Pristina avait également donné deux mois aux Serbes du Kosovo pour remplacer les plaques d’immatriculation serbes de leurs véhicules par des plaques de la République du Kosovo. D’après les estimations des médias locaux, 10’000 véhicules circulant au Kosovo portent des plaques émises par Belgrade.

Le litige sur les plaques d’immatriculation avait déjà provoqué des tensions entre les deux pays à l’automne dernier, et des chars avaient été déployés à la frontière commune.

Sous la pression des puissances occidentales et en particulier des États-Unis, grand allié du Kosovo, Pristina a annoncé dimanche soir le report de l’entrée en vigueur des nouvelles mesures pour un mois, jusqu’au 1er septembre.

Le représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères Josep Borrell a salué le report des règles d’entrée. Il s’attend à ce que les barrages routiers et les blocages soient immédiatement levés.

Le Kosovo dénonce

Le Premier ministre kosovar, Albin Kurti, a cependant dénoncé les auteurs présumés des attaques du week-end. «Nous appelons les forces internationales, les capitales démocratiques occidentales, l’UE et l’OTAN à condamner la violence et l’agression des gangs criminels du nord du Kosovo, qui sont clairement organisés et financés par Belgrade», a-t-il dénoncé.

Le blocage des routes et les tirs rapportés par la police kosovare avaient fait craindre une escalade. Les forces de l’OTAN déployées au Kosovo avaient averti qu’elles «interviendraient si la stabilité était compromise».

Le Kosovo, aujourd’hui presque exclusivement peuplé d’Albanais, faisait autrefois partie de la Serbie. En 2008, il avait déclaré son indépendance. La Serbie n’a jamais reconnu cette dernière et considère encore détenir ce territoire.

«Dénazification des Balkans»

Le président serbe Aleksandar Vucic avait auparavant déclaré, selon la chaîne de télévision N1, que la Serbie «ne s’était jamais trouvée dans une situation plus complexe et plus difficile qu’aujourd’hui». Le dirigeant a appelé toutes les parties à préserver la paix, mais s’est montré menaçant dimanche: «S’ils ne veulent pas préserver la paix, je vous dis que la Serbie va gagner.»

Le même jour, le politicien nationaliste serbe et animateur de talk-show Vladimir Dukanovic a écrit sur Twitter: «Tout me semble indiquer que la Serbie sera contrainte de commencer à dénazifier les Balkans.» Des termes qui ne sont pas sans rappeler la justification de l’attaque russe contre l’Ukraine en février.

La Serbie a toutefois indiqué qu'aucune de ses troupes n'avait foulé le sol kosovar en dépit des tensions. «La Serbie n’a pas franchi la ligne administrative et n’a pas pénétré sur le territoire du Kosovo et de Metohija pour le moment.» Du côté kosovar, c’est cette mention de «pour le moment» qui est considérée comme une menace claire de la Serbie envers le Kosovo.

Les Serbes désabusés

Les quelque 120’000 Serbes du Kosovo, dont environ un tiers vit dans le nord du territoire, ne reconnaissent pas l’autorité de Pristina et restent fidèles à Belgrade dont ils dépendent financièrement.

«Je resterai sur les barricades aussi longtemps que nécessaire parce que je ne suis pas un lâche et que pour moi, la Serbie est une mère» avait expliqué dimanche à l’AFP sous couvert de l’anonymat un économiste travaillant pour une entreprise financée par Belgrade.

Mais comme beaucoup d’autres Serbes du Kosovo, il est désabusé. «Pristina fait son truc, Belgrade fait son truc et les gens ici comme là-bas n’ont pas de pain pour manger. Je tente de survivre et d’éduquer les enfants pour qu’ils puissent s’enfuir d’ici aussi loin que possible.»

Moscou s’en mêle

Depuis Moscou, Maria Zakharova, porte-parole du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, a donné son avis sur la crise: «La Russie demande à Pristina, aux États-Unis et à l’UE de cesser les provocations et de respecter les droits des Serbes au Kosovo.»

La Russie, alliée de la Serbie, a accusé le Kosovo de «provocations». «Une telle évolution des événements est une preuve supplémentaire de l’échec de la mission de médiation de l’Union européenne», a critiqué Maria Zakharova.

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Selon le portail kosovar «Le Canton 27», diffusé en Suisse, des Serbes bloqueraient des routes dans la région afin d’empêcher la diaspora de rentrer en Suisse et dans les pays de l’UE après les vacances d’été. Des centaines de policiers kosovars seraient positionnés à la frontière avec la Serbie, des sirènes d’alarme seraient également en train de retentir comme en temps de guerre.

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