Pas de représailles pour le moment
La diplomatie empêche-t-elle vraiment l'Iran d'attaquer Israël?

L'Iran s'est, pour le moment, abstenu de lancer les représailles annoncées contre Israël. Il se murmure que des négociations diplomatiques réussies sont à l'origine de cette retenue. La diplomatie joue-t-elle vraiment un rôle dans cette situation? Des experts répondent.
Publié: 15.08.2024 à 06:02 heures
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Dernière mise à jour: 15.08.2024 à 06:53 heures
D'intenses négociations sont en cours depuis plusieurs jours: le ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman Safadi (à droite) a rendu visite à son homologue iranien Ali Bagheri à Téhéran.
Photo: keystone-sda.ch
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Guido Felder

Peut-on enfin faire preuve d'un peu d'espoir? Les représailles annoncées par l'Iran contre Israël, des attaques d'envergure, n'ont pas eu lieu. Du moins jusqu'à présent. Une remarque du président américain Joe Biden laisse espérer que, derrière les combats de coq, d'intenses négociations diplomatiques ont abouti en toute discrétion. Interrogé sur un éventuel cessez-le-feu, le président américain a déclaré: «C'est ce que j'attends, mais nous verrons.»

L'absence de représailles est-elle à mettre au crédit de la diplomatie ou la réticence de l'Iran a-t-elle d'autres raisons, comme le suppose l'ancien ambassadeur suisse à Téhéran et à Berlin, Tim Guldimann?

Le fait est que dans pratiquement tous les conflits, la diplomatie continue de fonctionner en arrière-plan. Dominique Ursprung, professeur de relations internationales à la Haute école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW), explique: «Il existe parfois une solution au moins partielle aux situations les plus inextricables. Par exemple, un nouvel échange de prisonniers a récemment eu lieu entre la Russie et l'Ukraine», rapporte-t-il.

Des négociations en secret

Pendant ce temps, les négociations diplomatiques au Proche-Orient se déroulent sous la coordination des États-Unis, de l'Égypte et du Qatar. «Il s'agit d'abord d'instaurer la confiance entre les parties ennemies et de sonder les intérêts communs», explique Dominique Ursprung. Ensuite, l'idéal serait de parvenir à un accord, qui pourrait être très étroit et limité, ou plus large.

Le fait que le grand public ne sache pratiquement rien sur les négociations est dans la nature des choses. «Quand il s'agit de discussions aussi délicates, on n'a pas besoin de la publicité», précise l'expert.

Il n'est pas non plus convenable que deux parties se fassent la guerre et que l'on expose en même temps des discussions entre elles autour d'un bon café. De plus, les diplomates sont exposés à un grand risque. Dominique Ursprung se souvient d'un cas concernant la Corée du Nord: «Le représentant nord-coréen a dit à son homologue japonais qu'il serait tué par ses chefs à Pyongyang s'il ne parvenait pas à faire valoir toutes ses positions.»

Le cessez-le-feu aura-t-il lieu?

Face à la situation au Proche-Orient, la diplomatie joue un rôle primordial. La clé d'un cessez-le-feu au Proche-Orient se trouve dans la bande de Gaza. Pour la première fois depuis des mois, un nouveau cycle de négociations aura lieu jeudi. Un plan du président américain Joe Biden sert de base. Il s'agit dans une première phase de la libération d'une partie des quelque 120 otages encore aux mains du Hamas, de l'arrêt de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza et du retrait des troupes de toutes les zones habitées.

Dans une deuxième phase, Israël et le Hamas négocieraient «l'arrêt durable des combats» et un plan de reconstruction pour la bande de Gaza. Dans le même temps, le Hamas libérerait les otages restants.

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«Pour l'instant, j'ai du mal à imaginer que les États-Unis et l'Iran parlent de détente. Que pourraient-ils bien vouloir se dire?»
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Il est également fait état d'un accord proposé par la Maison-Blanche à Téhéran. Les négociations en vue d'un accord nucléaire pourraient ainsi reprendre. Cela permettrait à l'Occident de contrôler le programme nucléaire iranien tout en assouplissant les sanctions économiques drastiques.

Ne pas surestimer l'impact de la diplomatie

Tim Guldimann, politologue et ancien ambassadeur suisse à Téhéran et à Berlin, met toutefois en garde contre une surestimation des possibilités de la diplomatie. Selon lui, elle ne peut fonctionner que si les acteurs politiques veulent s'entendre.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a intérêt à une escalade pour pouvoir survivre politiquement. «Pour l'instant, j'ai du mal à imaginer que les États-Unis et l'Iran parlent de détente. Que pourraient-ils bien vouloir se dire?», se demande Tim Guildimann.

Ce dernier ne croit toujours pas qu'un quelconque deal, comme un lien avec les négociations nucléaires, soit sur la table. «Les signaux en faveur d'une relance de l'accord nucléaire ne sont qu'une stratégie de la part de Téhéran, afin de ne pas se mettre complètement à dos l'Occident.»

L'Iran montre ses muscles

Le fait que l'Iran ait fait taire les armes jusqu'à présent n'est guère dû à des efforts diplomatiques. L'Iran, «champion du monde de l'enfumage», utilise plutôt le facteur temps pour laisser l'adversaire dans l'ignorance. D'une manière générale, Téhéran n'a aucun intérêt à une escalade importante, précise Tim Guildimann. «Il est toutefois dans son intérêt de menacer et de montrer ses muscles en tant que puissance régionale.»

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