Les autorités de Taipei ont d'abord indiqué jeudi avoir détecté 23 avions de combat et cinq navires de guerre chinois autour de l'île de Taïwan. Les appareils et bâtiments ont été repérés entre mercredi 06H00 (22H00 GMT) et jeudi à la même heure, a précisé Taipei. «Huit des avions ont franchi la ligne médiane» qui coupe en deux le détroit de Taïwan, une étroite voie maritime de 180 kilomètres entre l'île et la Chine continentale.
Pékin, qui ne reconnaît pas cette ligne, revendique Taïwan comme faisant partie de son territoire et envoie fréquemment des avions et des navires dans ses alentours. Une flotte chinoise de sept navires et cinq embarcations de garde-côtes ont ensuite été détectés autour de l'île de Kinmen, une petite île dépendant de Taïwan très proche de la Chine continentale, ont affirmé jeudi les garde-côtes taïwanais.
«Vers 15H00 (07H00 GMT), une flotte de sept navires (...) appartenant aux départements maritimes et de la pêche de la Chine a pénétré dans nos eaux réglementées», a indiqué un communiqué des garde-côtes taïwanais. Quatre autres navires des garde-côtes chinois ont fait de même et un cinquième a «navigué en dehors de nos eaux», ont-ils ajouté. Les navires sont repartis environ 90 minutes plus tard, ont indiqué les garde-côtes, notant qu'il s'agissait de «la quatrième formation de navires de garde-côtes chinois naviguant dans les eaux de Kinmen» en mai.
Une situation qui «ne contribue pas aux échanges pacifiques»
C'était également la première fois que des navires des garde-côtes chinois «et d'autres navires officiels chinois» naviguaient ensemble en même temps. «Cette situation a gravement porté atteinte à la paix, à la stabilité et à la sécurité de la navigation entre les deux rives du détroit, a blessé les sentiments des personnes des deux côtés du détroit et ne contribue pas aux échanges pacifiques entre les deux rives du détroit de Taiwan», ont déclaré les garde-côtes.
La présence de ces appareils et bâtiments chinois coïncide avec le passage mercredi d'un navire de guerre américain, le USS Halsey, à travers le détroit. Le destroyer des Etats-Unis «a procédé à une traversée de routine le 8 mai dans des eaux où les libertés de navigation en haute mer et de survol s'appliquent conformément au droit international», a communiqué la marine américaine mercredi.
Cette traversée «démontre l'engagement des Etats-Unis à défendre le principe de la liberté de navigation pour toutes les nations», selon la même source qui ajoute: «Aucun membre de la communauté internationale ne doit être intimidé ou contraint d'abandonner ses droits et libertés». Le commandement militaire pour l'est de la Chine a indiqué mercredi soir avoir ordonné à ses forces navales et aériennes de «surveiller la traversée du navire américain».
Des provocations régulières
«Les troupes (chinoises) sur place restent en état d'alerte à chaque instant et protègent résolument la souveraineté et la sécurité nationales», a réagi son porte-parole Li Xi dans un communiqué. La Chine a renforcé ses patrouilles autour de Kinmen après une série d'incidents de pêche meurtriers au début de l'année. Le 14 février, une vedette chinoise transportant quatre personnes a chaviré près de Kinmen alors que les garde-côtes taïwanais la poursuivaient, tuant deux personnes.
Un autre bateau chinois a chaviré dans la région en mars, entraînant également la mort de deux membres d'équipage. Les garde-côtes taïwanais ont défendu leur action, mais cette querelle a aggravé les tensions, déjà vives après les élections taïwanaises de janvier. Le nouveau président élu taïwanais, Lai Ching-te, a remporté les élections en dépit de mises en garde de Pékin selon lesquelles il entraînerait «la guerre et le déclin» de l'île. Lai Ching-te doit être investi le 20 mai.
(AFP)