Pyongyang accélère ces dernières semaines ses tests d'armement, le régime de Kim Jong Un cherchant à renforcer les capacités militaires du pays soumis à de lourdes sanctions internationales, tout en refusant les offres de dialogue des Etats-Unis.
Les deux «missiles balistiques de courte portée» ont été lancés depuis un aéroport près de Pyongyang lundi peu avant 09h00 (00h00 GMT), et ont parcouru 380 km à une altitude de 42 km, selon les chefs d'état-major interarmes de Corée du Sud.
Ces nouveaux essais surviennent à un moment délicat pour la région, alors qu'une élection présidentielle est prévue en mars en Corée du Sud, et que la Chine, le seul allié majeur de la Corée du Nord, se prépare à accueillir les Jeux olympiques le mois prochain.
La fréquence et la variété des tests montrent que la Corée du Nord «essaye d'améliorer sa technologie et ses capacités opérationnelles pour mener des actions secrètes, afin que les autres pays aient du mal à détecter les signes préparatoires d'un lancement», a estimé le ministre japonais de la Défense, Nobuo Kishi, lors d'un point de presse.
«Le remarquable développement par la Corée du Nord de ses technologies en matière de missiles ne peut être ignoré, pour la sécurité du Japon et de la région», a-t-il averti.
La Corée du Nord a notamment affirmé avoir testé avec succès les 5 et 11 janvier des missiles hypersoniques à vol plané, une arme particulièrement sophistiquée, le deuxième lancement étant supervisé par Kim Jong Un en personne.
Les missiles hypersoniques peuvent atteindre cinq fois la vitesse du son, voire plus.
Ils sont plus rapides et plus maniables que les missiles standard, ce qui le rend plus difficiles à intercepter pour les systèmes de défense, pour lesquels les Etats-Unis dépensent des milliards de dollars.
Les Etats-Unis ont riposté la semaine dernière par de nouvelles sanctions, que Pyongyang a qualifiées de «provocation».
«Réaction certaine»
Si «les Etats-Unis adoptent une telle attitude de confrontation, la RPDC (République populaire et démocratique de Corée, le nom officiel de la Corée du Nord, NDLR) sera forcée à une réaction certaine et plus forte», a averti un porte-parole du ministère des Affaires étrangères nord-coréen vendredi.
Dans son plan de défense quinquennal, dévoilé en janvier 2021, la Corée du Nord avait cité les missiles hypersoniques comme sa priorité numéro un, alors que le dialogue avec les Etats-Unis au sujet de son programme balistique et nucléaire reste au point mort.
Le pays traverse une grave crise économique, aggravée par les sanctions et par la fermeture de ses frontières auto-imposée au nom de la lutte contre le Covid-19, et le régime «a besoin de présenter quelque chose aux Nord-Coréens», estime Cheing Seong-chang, du Centre d'études nord-coréennes à l'Institut Sejong.
Pyongyang cherche à impressionner la population avec des prouesses militaires vu qu'"il est devenu clair que le Nord aura du mal à briller sur le terrain économique», avance cet analyste.
Un train de marchandises nord-coréen a franchi le weekend dernier le pont international sur la rivière Yalu et est entré en Chine, a rapporté l'agence sud-coréenne Yonhap. Un événement qui pourrait signifier la reprise des échanges commerciaux terrestres entre les deux pays, suspendus depuis le début de la pandémie il y a environ deux ans.
«Ce timing suggère que Beijing est plus que complice des provocations de Pyongyang», estime Leif-Eric Easley, professeur à l'université pour femmes Ewha à Séoul. Selon lui, «la Chine soutient la Corée du Nord économiquement, et se coordonne avec elle du point de vue militaire».
(AFP)