Des soldats de Kim Jong-un ont perdu la vie lors de la guerre d'agression que mène la Russie contre l'Ukraine. Selon des rapports des gouvernements ukrainien et sud-coréen, six Nord-Coréens ont en effet trouvé la mort la semaine dernière dans le Donbass occupé, à la suite d'une attaque de missiles ukrainienne.
Pour l'heure, impossible de savoir avec certitude quelle était leur mission sur place. Le gouvernement russe a quant à lui démenti ces informations, jeudi, par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov.
Le fait que du personnel militaire nord-coréen se trouve dans la zone de guerre n'a rien de nouveau, affirme le ministre sud-coréen de la Défense Kim Yong-hyun. Selon lui, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un chercherait avant tout à recevoir une grosse récompense pour sa fidélité à la Russie.
Un nouveau pacte militaire
Les relations entre la Russie et la Corée du Nord peuvent sembler déséquilibrées à première vue. Mais la Corée du Nord a beau être l'un des pays les plus pauvres du monde, elle dispose d'une chose qui favorise incontestablement l'amitié entre le chef du Kremlin Vladimir Poutine et le «leader suprême» nord-coréen Kim Jong-un: son équipement militaire.
Sur la guerre en Ukraine
En juin 2024, les deux chefs d'Etat ont scellé un nouveau pacte militaire. La coopération entre les deux pays a ainsi pris une dimension jamais vue depuis la guerre froide. Et pour cause, la Russie et la Corée du Nord se sont engagées à se soutenir militairement en cas d'attaque de l'un des deux pays. Peu de temps après, Kim Jong-un aurait immédiatement envoyé des ingénieurs militaires dans des régions occupées par la Russie, afin d'aider à la reconstruction. Une aubaine pour la Russie, qui a pu en profiter pour envoyer davantage de soldats sur le front pour combattre l'armée ukrainienne.
La Corée du Nord soutient également la Russie sur le plan matériel. Depuis 2022, 11'000 conteneurs maritimes remplis de munitions auraient quitté les ports nord-coréens pour rejoindre en Russie. C'est ce que rapporte le ministère américain des Affaires étrangères. On estime que la Corée du Nord a fourni l'année dernière environ la moitié des gros calibres utilisés sur le champ de bataille, soit plus de deux millions de cartouches au total. A noter que les gros calibres regroupent toutes les armes de plus de 9,53 millimètres.
Des livraisons d'armes déterminantes
Pyongyang a également fourni à la Russie des dizaines de missiles KN-23. Ces derniers ont notamment été utilisés en Ukraine l'hiver dernier et ils auraient déjà fait des dizaines de morts, si l'on en croit le service de sécurité ukrainien. Ils auraient en outre servi à attaquer Kiev au mois d'août dernier. Le KN-23 est un missile balistique à courte portée qui a été testé pour la première fois en 2019 et qui est souvent comparé aux missiles russes Iskander-M, utilisé lui pour la première fois en 2017. Selon «The Guardian», la très grande quantité de missiles KN-23 a été fabriquée spécialement pour la Russie.
Le célèbre analyste militaire américain Michael Kofman a confié au magazine spécialisé «Foreign Policy» que la Russie n'aurait jamais pu mener sa guerre aussi longtemps sans ces livraisons. L'année dernière, la Russie a pu utiliser trois fois plus d'artillerie que son adversaire ukrainien grâce aux armes nord-coréennes. Cela, alors que l'Ukraine bataillait auprès de l'Occident pour se faire livrer des munitions.
Une stratégie gagnante pour Pyongyang
Mais qu'est-ce Kim Jon-un a à gagner d'un tel soutien à la Russie? D'une part, un avantage diplomatique. La Corée du Nord est complètement isolée du reste du monde, elle n'a pratiquement pas de relations économiques ou diplomatiques avec d'autres Etats, à l'exception de la Chine. En prenant part à la guerre, Pyongyang a la possibilité de renforcer son prestige auprès d'une puissance internationale. L'une des clauses peu remarquées du pacte de défense mutuelle de juin est la promesse faite par la Russie de faire entrer la Corée du Nord dans des clubs internationaux tels que les BRICS (association d'États composée entre autres de la Russie, de la Chine, de l'Inde et du Brésil).
Sur la Russie
Dans le même temps, la Russie permet à la Corée du Nord de tester de nouvelles armes et d'entraîner ses troupes au combat. A ce titre, une question préoccupe grandement la communauté internationale: à quel point la Russie est-elle prête à fournir des technologies militaires avancées à la Corée du Nord? Pyongyang pourrait tout à fait exiger des avions de combat, des chars ou des technologies de missiles de la part de la Russie, en contrepartie de son soutien à la guerre en Ukraine.
Ces exigences semblent déjà partiellement respectées: certains des missiles nord-coréens utilisés cette année lors des attaques russes contre l'Ukraine semblaient être des copies directes ou légèrement modifiées d'anciens modèles soviétiques.