Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un est arrivé vendredi matin à Komsomolsk-sur-l'Amour pour y visiter une usine aéronautique. Il poursuit ainsi son déplacement en Russie, pays que Washington soupçonne de vouloir acheter des armes à Pyongyang.
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Mercredi, lors de son premier voyage officiel à l'étranger depuis la pandémie de Covid, le dirigeant de Pyongyang avait retrouvé le président russe Vladimir Poutine sur le cosmodrome de Vostotchny (Est), dans l'objectif de renforcer les liens entre leurs deux pays, notamment militaires.
Pour l'heure, rien n'a été communiqué officiellement au sujet d'un éventuel accord de livraison de matériel ou de collaboration militaire entre les deux pays isolés et sous sanctions internationales. «Kim Jong Un est arrivé en train à la gare ferroviaire de Komsomolsk-sur-l'Amour», a indiqué l'agence de presse publique russe TASS, où l'a notamment accueilli le gouverneur de la région de Khabarovsk, Mikhaïl Degtiarev, selon l'agence Interfax.
Kim Jong Un s'est ensuite rendu dans l'usine aéronautique Youri Gagarine du constructeur Soukhoï où sont produits des avions de combat Su-35 et Su-57, a rapporté TASS. Interfax a de son côté indiqué que le responsable nord-coréen devait visiter une entreprise du secteur de l'aviation produisant des «équipements militaires et civils».
Jeudi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait fait savoir que le déplacement en Russie de Kim Jong Un devait durer «encore quelques jours», sans donner plus de détails. D'après Vladimir Poutine, Kim Jong Un devait se rendre à Komsomolsk-sur-l'Amour pour y visiter des usines produisant des équipements aéronautiques «civils et militaires», avant d'assister à «une démonstration» militaire de la Flotte russe du Pacifique à Vladivostok, où les deux hommes s'étaient déjà rencontrés en 2019
«Priorité absolue»
En retrouvant Vladimir Poutine mercredi, Kim Jong Un a déclaré que le rapprochement avec Moscou constituerait la «priorité absolue» de la politique étrangère nord-coréenne.
Le président russe, qui a accepté une invitation de Kim Jong Un à se rendre en Corée du Nord, a quant à lui vanté le «renforcement futur de la coopération» avec ce pays, évoquant des «perspectives» de coopération militaire malgré les sanctions internationales visant Pyongyang à cause de ses programmes nucléaires et de ses missiles en développement. Washington a exprimé sa «préoccupation», affirmant que la Russie était intéressée par l'achat de munitions nord-coréennes pour soutenir ses opérations militaires en Ukraine, lancées en février 2022.
Vladimir Poutine et Kim Jong Un se sont d'ailleurs offert mutuellement un fusil lors de leur entrevue, a indiqué jeudi le Kremlin, des présents qui apparaissent comme hautement symboliques. Après s'être tourné vers l'Iran pour lui fournir des centaines de drones explosifs, Moscou pourrait trouver des ressources utiles auprès de Pyongyang, qui dispose d'importants stocks de matériel soviétique et produit en masse des armes conventionnelles.
«Violation directe»
«Moscou a besoin d'importations pour maintenir sur le long terme le niveau actuel d'intensité opérationnelle de son effort de guerre», a observé le German Council on Foreign Relations dans une étude publiée la semaine dernière. ,Jeudi, la Maison Blanche a indiqué que le conseiller à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, s'était entretenu de la rencontre Poutine-Kim avec ses homologues sud-coréen et japonais.
«Ils ont souligné que toute exportation d'armes (...) serait une violation directe de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies», a détaillé un communiqué. Les roquettes de calibre 122 mm destinées aux lance-roquettes multiples (MLRS) BM-21 «Grad» de l'époque soviétique, qui équipent les forces russes en Ukraine et figurent dans l'arsenal nord-coréen, sont notamment susceptibles d'intéresser la Russie.
En échange, Pyongyang pourrait se voir fournir pétrole et nourriture russes, voire un accès à des technologies spatiales. Moscou a évoqué une possible aide dans la construction de satellites, après deux récents échecs de la Corée du Nord à placer en orbite un satellite militaire espion, mais aussi proposé d'envoyer un cosmonaute nord-coréen dans l'espace, selon les agences de presse russes, ce qui constituerait une première pour le pays.
(ATS)