Jusqu’où Moscou ira-t-elle dans sa confrontation avec l’Occident? Le prix Nobel de la paix russe Dmitri Mouratov s’attend au pire. Il craint que le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, n’ordonne une attaque nucléaire.
«Poutine va-t-il appuyer sur le bouton nucléaire ou non? Qui sait? Personne ne le sait. Il n’y a pas une seule personne qui puisse le dire avec certitude», alerte le journaliste russe dans un entretien accordé à la BBC. Mais l’éventualité n’est pas à écarter.
Ce n’est pas la première fois que Dmitri Mouratov met en garde contre une possible escalade nucléaire. Déjà en mars de l’année dernière, le journaliste critique envers le gouvernement avait déclaré lors d’une audition au Parlement européen: «Je n’exclus pas qu’il puisse effectivement y avoir un jour des tentations d’appuyer sur le bouton nucléaire.»
La Russie veut déclencher un «tsunami nucléaire»
Un an plus tard, Dmitri Mouratov fait un constat effrayant. «Nous voyons comment la propagande d’État prépare les gens à penser qu’une guerre nucléaire n’est pas une mauvaise chose», s’inquiète-t-il. La guerre nucléaire et les armes nucléaires sont promues «comme s’ils faisaient de la publicité pour de la nourriture pour animaux».
«Ils parlent de cibler la Grande-Bretagne et la France, de déclencher un tsunami nucléaire qui emporterait l’Amérique. Pourquoi disent-ils cela? Pour que les gens soient prêts», estime le rédacteur en chef de la «Novaïa Gazeta», provisoirement suspendue en Russie.
Il n’a pas non plus de bonnes nouvelles à annoncer en ce qui concerne les relations entre les deux pays en guerre «Il n’y aura plus jamais de relations normales entre les peuples de Russie et d’Ukraine. Jamais», prévoit, catégorique, le journaliste.
Un soutien des plus âgés
Actuellement, seuls les jeunes Russes redonnent un peu d’optimisme au prix Nobel. «Notre jeune génération est merveilleuse, assure Dmitri Mouratov. Elle est éduquée. Près d’un million de Russes ont quitté le pays. Beaucoup de ceux qui sont restés sont catégoriquement opposés à ce qui se passe en Ukraine. Ils sont contre l’enfer que la Russie a créé là-bas.»
Il espère que la jeune génération survivra à Vladimir Poutine. Car, selon lui, la base de soutien du président est surtout composée de personnes âgées.