Meilleure révélation masculine
La belle histoire d'Abou Sangare, d'ancien sans-papiers à lauréat d'un César

Ancien sans-papiers menacé d'expulsion, Abou Sangare a remporté le César de la meilleure révélation masculine. Le jeune Guinéen, acteur principal du film 'L'Histoire de Souleymane', a obtenu un titre de séjour en janvier après plusieurs refus.
Publié: 28.02.2025 à 21:53 heures
Abou Sangare a reçu le César de la meilleure révélation masculine pour son rôle dans «L'Histoire de Souleymane».
Photo: keystone-sda.ch
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AFP Agence France-Presse

Il y a encore quelques semaines, Abou Sangare était un sans-papiers menacé d'expulsion du territoire français. Héros du film «L'Histoire de Souleymane», il a remporté vendredi le César de la meilleure révélation masculine.

Un premier essai en 2023

En 2023, l'étudiant en mécanique est bénévole dans une association d'éducation populaire à Amiens quand le responsable l'informe d'un casting: le réalisateur Boris Lojkine cherche des jeunes Guinéens comme lui.

«J'ai passé un entretien de 5-10 minutes, puis je suis parti, j'avais du travail sur une voiture... Dans l'aprèm, l'équipe m'a rappelé pour refaire un essai», racontait à l'AFP le jeune homme de 23 ans, chemisette et cheveux tirés en arrière, lors de l'avant-première du film à Amiens en octobre.

Présent à ses côtés, Boris Lojkine confiait avoir été convaincu par «un moment de silence» lors de nouveaux essais à Paris: «Il y avait une telle densité, tout à coup, c'était du cinéma.»

Traverser la Méditerranée pour aider sa mère malade

Né le 7 mai 2001 à Sinko, dans le sud-est de la Guinée, Abou Sangare est déjà apprenti mécanicien quand il quitte son pays avec l'espoir d'aider sa mère, malade. Adolescent, il traverse Mali, Algérie, Libye, Méditerranée et Italie avant d'arriver à Paris en 2018, à 16 ans.

On lui conseille de rejoindre une autre ville plus petite. «On me dit 'Paris, tu vas galérer'», alors il vise Lille, raconte-t-il pudiquement. Mais «Gare du Nord, des contrôleurs sont sur le quai» et «je n'ai pas de ticket», il est tard, «je prends le dernier train, direction Amiens».

Une histoire proche de la sienne

Dans le film, le héros Souleymane est un Guinéen lui aussi, mais c'est à Paris qu'il survit comme livreur à vélo, sillonnant la capitale, sac cubique sur le dos, et préparant anxieusement son entretien de demande d'asile.

Pendant 1h30, collé au personnage principal, «on épouse la perspective qu'il a sur le monde», observant Paris «dans ses yeux», raconte le réalisateur, qui a aussi «brouillé les pistes» entre Abou Sangare et Souleymane «pour l'aider à rentrer complètement dans le rôle».

Un permis de sejour en 2025

Après plusieurs refus, Abou Sangare a finalement obtenu un titre de séjour salarié d'un an, en janvier de cette année. Il a dû présenter une promesse d'embauche comme mécanicien à Amiens. «Je suis vraiment heureux, ce titre de séjour va me permettre d'aller travailler au garage», avait réagi juste après Abou Sangare auprès de l'AFP.

Ou d'embrasser une carrière dans le cinéma, désormais auréolé de son César? Pas sûr: travailler comme mécanicien, «c'est mon rêve depuis l'enfance, et le cinéma vous savez c'est toujours un travail occasionnel pour moi», assurait-il alors.

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