Malgré les pressions chinoises
Des juges australiens et canadiens resteront à la Cour de Hong Kong

Des juges canadiens et australiens continueront à siéger à la Cour d'appel final de Hong Kong, au lendemain de la démission de deux magistrats britanniques qui estimaient leur position «intenable» en raison de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin.
Publié: 31.03.2022 à 12:47 heures
Des juges canadiens et australiens de la plus haute juridiction de Hong Kong resteront "pour soutenir les juges de la Cour d'appel final dans leur engagement en faveur de l'indépendance judiciaire", ont-ils écrit (photo symbolique).
Photo: Vincent Thian

Conformément à l'accord prévoyant la rétrocession de cette ancienne colonie britannique à la Chine en 1997, des juges britanniques siègent dans cette juridiction, ainsi que des juges à la retraite en provenance du Royaume-Uni, d'Australie ou du Canada.

Le président de la Cour suprême britannique, Robert Reed, et son vice-président, Patrick Hodge, ont annoncé mercredi leur départ de la plus haute juridiction de Hong Kong, estimant que «le gouvernement s'est départi des valeurs de liberté politique et de liberté d'expression».

Une partie des juges reste

Quatre des dix magistrats étrangers restants, qui contrairement à Robert Reed et Patrick Hodge sont à la retraite, ont annoncé qu'ils continueront à siéger, y compris les juges australiens William Gummow, Anthony Murray Gleeson et Robert French.

«Nous n'avons pas l'intention de démissionner et nous soutenons les juges de la Cour d'appel final dans leur engagement en faveur de l'indépendance judiciaire», ont-ils déclaré à l'AFP dans un communiqué commun.

L'ancienne juge en chef du Canada, Beverley McLachlin, a également dit qu'elle entendait rester. «La Cour fonctionne en tant que branche judiciaire indépendante du gouvernement - peut-être (est-ce) la dernière institution forte de la démocratie qui subsiste», a déclaré Beverley McLachlin au quotidien canadien Globe and Mail.

Les six autres membres étrangers de la Cour, qui sont des juges britanniques à la retraite, n'ont pas précisé s'ils entendent rester ou démissionner. Selon des experts du monde judiciaire, ils pourraient être poussés à suivre l'exemple de Robert Reed et Patrick Hodge. «Je serais surpris si ce pas très significatif ne donnait pas aux autres l'occasion de réfléchir», a écrit l'avocate britannique Schona Jolly sur Twitter.

Érosion de la démocratie

La cheffe de la diplomatie britannique, Liz Truss, a déclaré mercredi que la loi drastique sur la sécurité nationale imposée en 2020 par Pékin pour mettre fin aux manifestations pro-démocratie à Hong Kong a conduit à une «érosion systématique de la liberté et de la démocratie».

La dirigeante de Hong Kong, Carrie Lam, a déclaré que les démissions faisaient partie d'un «complot politique» du gouvernement britannique. «Je ne peux que tirer la conclusion qu'il doit y avoir beaucoup de politique derrière tout cela», a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse jeudi. «Je reste très confiante dans le fait que nous avons toujours de très bons juges dans le système judiciaire, qu'ils soient locaux ou étrangers. Hong Kong continuera à en bénéficier de manière significative.»

Pékin a déploré cette décision, accusant Londres de vouloir «vilipender malicieusement les politiques de la Chine pour Hong Kong et discréditer le développement de l'État de droit à Hong Kong».

(ATS)

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