Un reportage de CNN remis en doute
L'homme libéré sous les yeux d'une journaliste de CNN était en fait un tortionnaire

Une équipe de CNN, composé de la reporter star Clarissa Ward, a retrouvé dans la prison syrienne de Saydnaya un prisonnier oublié. Mais ce dernier n'était pas celui qu'il prétendait être... c'est même tout le contraire.
Publié: 17.12.2024 à 13:48 heures
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Dernière mise à jour: 17.12.2024 à 14:06 heures
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Sous une couverture, dans une cellule fermée à clé, la journaliste découvre un homme.
Photo: Screenshots CNN
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Angela Rosser

La vidéo a fait le tour du monde. Il y a une semaine, Clarissa Ward, correspondante internationale de CNN, pénètre dans la tristement célèbre prison de Saydnaya récemment libérée lorsqu’elle découvre un détenu en état de détresse. 

Sur les images, l’homme s’accroche désespérément à la journaliste et affirme avoir été torturé pendant des mois. Le reportage montre l’équipe de CNN l’accompagnant hors des murs sombres de sa captivité, lui rendant ainsi la liberté.

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Mais très vite, des doutes ont émergé sur l’authenticité de la scène. Sur X, certains internautes se sont interrogés: tout semblait trop parfait. La coupe de cheveux fraîche, les mains soignées… Des détails qui ne collaient pas avec le récit d’un homme abandonné à lui-même pendant des mois dans une cellule insalubre. Quelques voix ont même accusé CNN d’avoir orchestré cette «libération» pour les caméras.

Qui est réellement ce prisonnier?

D’après la plateforme syrienne de fact-checking Verify-Sy, relayée par le Telegraph, l’homme que CNN présente sous le nom d’Adel Ghurbal pourrait en réalité être un membre du régime de Bachar al-Assad. Il aurait joué un rôle dans les forces de sécurité syriennes, et son histoire ne serait qu’un tissu de mensonges destiné à tromper les journalistes.

Selon Verify-Sy, son véritable nom serait Salama Mohammad Salama, un officier supérieur du renseignement militaire. Loin d’être une victime, il aurait été impliqué dans des arrestations arbitraires, des actes d’extorsion et des tortures à Homs, grande ville du centre syrien. Salama Mohammad Salama aurait dirigé plusieurs points de contrôle et n’hésitait pas à brutaliser ceux qui refusaient de payer. Il aurait même tenté de recruter de jeunes hommes comme informateurs pour le régime.

Les habitants racontent que Salama Mohammad Salama n’aurait été emprisonné que récemment, à la suite d’un désaccord avec un officier supérieur au sujet du partage d’argent extorqué.

CNN sous pression

Face à la controverse grandissante, CNN a réagi. La chaîne a affirmé examiner de près les informations concernant l’identité du prisonnier. «Nous prenons ces allégations au sérieux», a déclaré un porte-parole de la chaîne, tout en soulignant que les événements s’étaient déroulés exactement comme montrés dans le reportage. La décision de libérer l’homme aurait été prise spontanément par un garde rebelle syrien présent sur place.

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«Personne, en dehors de notre équipe, n’était au courant de notre visite dans cette prison», a ajouté CNN, défendant fermement l’intégrité de ses journalistes.

Clarissa Ward, habituée aux polémiques

Ce n’est pas la première fois que Clarissa Ward suscite des controverses. L’an dernier, une autre vidéo avait fait parler d’elle: on la voyait près de la frontière entre Israël et Gaza, cherchant refuge sous un feu de roquettes. Une voix en arrière-plan semblait lui donner des instructions: «Essaye d’avoir l’air jolie, mais effrayée.» CNN avait immédiatement démenti, affirmant que l’audio avait été trafiqué après coup.

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