L'escalade contrôlée les sert
Netanyahu et les Mollahs: des ennemis jurés qui ont besoin l'un de l'autre

Le Premier ministre israélien et le régime des Mollahs iraniens ont un intérêt commun: poursuivre leur escalade guerrière pour rameuter leurs soutiens et museler leurs oppositions.
Publié: 20.04.2024 à 10:09 heures
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Dernière mise à jour: 20.04.2024 à 11:03 heures
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Des Iraniens portant des pancartes et des portraits du leader suprême iranien Ayatollah Ali Khamenei et de l'ancien leader suprême Ruhollah Khomeini agitent des drapeaux iraniens et palestiniens lors d'un rassemblement anti-israélien à Téhéran, Iran, 19 avril 2024.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Ils sont des ennemis jurés. En Iran, les Mollahs au pouvoir et les «Gardiens de la révolution» proclament chaque jour ou presque qu’ils finiront par détruire Israël. A Jérusalem, le premier ministre Benjamin Netanyahu jure, lui, que son pays frappera à nouveau prochainement le régime iranien, en riposte après l’attaque de drones et de missiles du 13 avril, même s’il est jusque-là resté silencieux sur l'attaque de vendredi. L’offensive aérienne iranienne faisait suite à la frappe israélienne du 1er avril contre le consulat iranien à Damas, lors de laquelle plusieurs hauts gradés ont trouvé la mort.

Ces ennemis sont en train de s’affronter. Et à chaque nouvelle escale, l’engrenage qui pourrait conduire à une guerre totale est impossible à exclure. Sauf que dans le détail, l’Iran et Israël mènent un conflit bien plus calculé qu’il n’en a l’air. Téhéran avait prévenu les États-Unis de son offensive aérienne. Jérusalem n’a pas confirmé être responsable du vol de drones et des explosions entendues à Ispahan le 19 avril.

L’objectif mutuel des Mollahs au pouvoir depuis 1979, et de Netanyahu redevenu Premier ministre depuis 2022 est le même: chacun a besoin de se préparer au combat et d’annoncer le pire. En Iran, cela permet au régime contesté par sa population et par le mouvement «Femmes, vie, liberté» de regrouper ses forces et d’accuser les opposants de trahir le pays. En Israël, la menace iranienne est la meilleure façon pour Benjamin Netanyahu de faire oublier les ruines et les dévastations insupportables de Gaza.

Points communs

L’Iran et Israël ont plus de points communs qu’il n’y paraît. Rien de comparable, bien sûr, entre la théocratie des Ayatollahs, et la démocratie israélienne malmenée par l’alliance entre la droite et l’extrême droite, mais toujours vivante, comme le prouve l’ampleur des manifestations anti Netanyahu qui se poursuivent.

Mais dans les deux pays, les dirigeants sont le dos au mur. L’Ayatollah Ali Khamenei, qui a fêté son 85e anniversaire ce 19 avril, a besoin que les «Gardiens de la révolution», les fameux pasdarans, restent mobilisés et en état de guerre pour défendre son pouvoir.

Netanyahu, lui, veut éviter que la tenaille judiciaire se referme sur lui. Une accalmie sur le terrain redonnerait à ses opposants l’occasion de se coaliser. Il lui faut donc maintenir l’Iran dans le viseur, en arguant notamment de la menace nucléaire.

Cruel besoin des alliés

L’autre point commun est que ces deux pays ont cruellement besoin de leurs alliés, même si leurs dirigeants prétendent en permanence qu’ils sont capables de faire front seul. Prenez l’Iran, en quête de l’arme atomique dans ses installations souterraines de la région de Natanz: son régime théocratique et nationaliste a besoin d’un appareil militaro-industriel actif, à la fois pour avancer dans sa quête nucléaire, pour approvisionner ses milices amies (comme le Hezbollah libanais ou les Houthis du Yémen) et pour consolider son alliance avec la Russie de Vladimir Poutine, acheteuse de drones Shahed à grande échelle.

Prenez Israël: plus l’Iran est menaçant, plus son «dôme de fer» qui protège le pays des missiles iraniens doit être renforcé. Ce qui suppose, comme lors de l’attaque du 13 avril, de mobiliser les États-Unis et les alliés européens. La guerre, tant qu’elle se joue à coups de missiles, profite aux deux camps. D’où la forte probabilité de la voir se prolonger et s’intensifier. Au risque qu’elle finisse par dégénérer.

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