Les Etats-Unis envoient leur sous-marin à propulsion nucléaire «USS Georgia» au Proche-Orient. Le sous-marin mesure 171 mètres de long et pèse plus de 16'000 tonnes. Sa soute à armement peut contenir jusqu'à 154 missiles de croisière. La formation de porte-avions autour de l'«USS Abraham Lincoln», qui doit soutenir le porte-avions «USS Theodore Roosevelt», est également en route pour le Proche-Orient. Les deux navires peuvent transporter jusqu'à 170 avions de combat.
L'annonce de l'utilisation et la destination de ces navires de guerre par le ministère américain de la Défense est une nouvelle explosive. Qu'est-ce que les Etats-Unis ont en tête? Vont-ils bientôt frapper un grand coup ou la diplomatie peut-elle encore éviter le pire avec le soutien de la Suisse?
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Démonstration de force américaine
L'experte du Proche-Orient Azadeh Zamirirad de la Fondation Science et Politique à Berlin tente de donner une explication à la présence des navires de guerre américains. «L'envoi ne fait pas seulement partie de la préparation à d'éventuelles attaques iraniennes, il a aussi une fonction dissuasive essentielle.»
Washington sait qu'il n'est toujours pas dans l'intérêt de l'Iran de monter en puissance et de se retrouver en guerre avec Israël – en tout cas pas tant que les Etats-Unis se tiennent clairement aux côtés d'Israël. L'experte est claire: «Une dissuasion crédible est donc essentielle.» Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin avait récemment assuré qu'il prendrait «toutes les mesures possibles pour défendre Israël».
Raisons possibles du retard
La frappe de représailles que l'Iran avait annoncée pour venger l'assassinat des chefs du Hamas et du Hezbollah se fait attendre depuis plus d'une semaine. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette attente.
Conflit interne: Selon le «Jerusalem Post», il existerait en Iran un conflit entre les Gardiens de la révolution et le nouveau président iranien Massoud Pezeshkian sur la manière dont la frappe devrait être effectuée. Alors que les Gardiens exigeraient une réaction plus dure que celle du 13 avril, Massoud Pezeshkiann appellerait apparemment à la modération.
Une préparation précise: Téhéran est à la recherche de la «juste mesure». Ali Bakir, expert du Moyen-Orient et du groupe de réflexion américain Atlantic Council, déclare au portail de sécurité «Breaking Defense»: «La réaction devrait être considérée davantage comme une attaque pour sauver la face que comme un coup dur qui pourrait déclencher une guerre généralisée.» Un mauvais calcul pourrait entraîner l'Iran dans une guerre qu'il «ne veut pas et ne peut pas gagner».
Usure: Les Iraniens disent que «l'attente d'une frappe est aussi une punition». Ainsi, «Breaking Defense» assure que l'Iran veut répandre «la peur et la panique» en Israël. Et cette attente, en état d'alerte permanent, coûte cher à Israël et aux Etats-Unis.
Une frappe cette semaine encore?
Selon l'experte du Proche-Orient Azadeh Zamirirad, une frappe de représailles iranienne est presque inévitable, car Téhéran est contraint d'agir. Le «Jerusalem Post» pense que l'Iran pourrait lancer son attaque avant jeudi.
L'ampleur de cet affrontement est inconnue. «Il existe encore une marge de manœuvre diplomatique permettant d'œuvrer en faveur d'une attaque limitée de Téhéran, qui ne viserait par exemple pas de cibles civiles», explique Azadeh Zamirirad. Ce sont surtout les États-Unis qui devraient essayer d'exercer une influence politique. «Washington doit toutefois pouvoir convaincre le gouvernement israélien sous Netanyahu qu'il doit être sérieusement intéressé par un cessez-le-feu à Gaza.»
Médiation suisse
Pour Ralph D. Thiele, président de la société politico-militaire allemande et président d'Eurodefense Deutschland, la clé de la désescalade se trouve dans la bande de Gaza. «Une solution pour Gaza est le point crucial pour débloquer la situation inextricable dans toute la région. C'est ce à quoi travaillent les diplomates ces jours-ci et ces heures-ci.»
Ainsi, l'ambassadrice de Suisse à Téhéran, Nadine Olivieri Lozano, est, elle aussi, en mission permanente. Car la Suisse représente les intérêts des Etats-Unis en Iran depuis 1980. Valentin Clivaz du Département des affaires étrangères (DFAE) offre des détails. «Dans le cadre de son mandat de puissance protectrice, la Suisse maintient ouvert le canal de communication entre les Etats-Unis et l'Iran.»
La diplomatie suisse parviendra-t-elle ainsi à empêcher une attaque de représailles iranienne à la dernière minute? Le DFAE ne s'exprime pas sur le succès des médiations. Mais on peut espérer. «Le canal de communication est utilisé par les Etats-Unis et l'Iran», termine Valentin Clivaz.