La mort soudaine d'Alexei Navalny a suscité l'horreur dans le monde entier, il y a une semaine. Si les circonstances exactes de sa mort ne sont pas toujours claires, certains détails sur ses conditions de détention sont désormais révélés au fil des jours.
Des cellules glacées, un tabouret en guise de lit et de l'eau bouillante à boire... Les conditions dans lesquelles Alexeï Navalny a vécu dans la colonie pénitentiaire IK-3 semblaient terribles: «C'était de la torture. On ne peut que comparer ça aux pires méthodes staliniennes», déclare la lauréate russe du prix Nobel de la paix et cofondatrice de l'organisation de défense des droits de l'homme Memorial, Irina Scherbakowa, dans l'émission «Maischberger» de la chaîne ARD.
Elle poursuit: «Au cours de ces trois années, il a passé près de 300 jours dans une cellule très étroite avec une petite fenêtre. Il y fait soit très chaud, car il n'y a pas d'air, soit très froid. Le sol est mouillé, les murs aussi.»
Sur Navalny
«On les torture en les affamant»
Le camp pénitentiaire IK-3, situé dans le froid glacial du cercle polaire, est considéré comme particulièrement brutal. Un proche d'Alexeï Navalny, Ivan Jdanov, a qualifié ce camp – fondé en 1961 sur le site d'un ancien goulag soviétique – d'«une des colonies pénitentiaires les plus septentrionales et les plus isolées» de Russie. Jusqu'à 1050 personnes peuvent y être détenues.
Les nuits dans le nord de la Russie peuvent atteindre -40°C, comme l'a expliqué Thomas Roth, ancien directeur du studio de l'ARD à Moscou, lors de l'émission. «Là, tu ne peux que mourir».
Selon Irina Scherbakowa, les lits sont relevés à cinq heures du matin: «Les détenus ne reçoivent presque rien à manger. On les torture en les affamant». Pire; Alexeï Navalny n'aurait reçu que de l'eau bouillante pour se désaltérer, et «il devait la boire rapidement!»
Le corps mis sous scellés pendant deux semaines
On ne sait toujours pas exactement comment l'opposant à Poutine a perdu la vie: son corps sera conservé durant au moins deux semaines, selon sa porte-parole Kira Jarmisch. «Les enquêteurs ont dit à la mère d'Alexeï et aux avocats qu'ils ne remettraient pas son corps et qu'ils procéderaient à un examen dans les 14 prochains jours», a expliqué lundi la porte-parole: «Tout sera fait pour effacer les traces du meurtre», a-t-elle poursuivi sur la plateforme X.
Selon elle, cet «examen» de 14 jours est un mensonge total. La jeune femme ne s'attend pas non plus à ce que les autorités rendent le corps de l'opposant passé le délai de 14 jours. De son côté, le Kremlin a déclaré lundi que l'enquête sur la mort de Navalny se poursuivait et qu'il n'y avait pas encore de résultats.
Le même jour, l'épouse d'Alexeï Navalny, Ioulia Navalnaïa, avait lancé: «Poutine a tué mon mari». La veuve veut désormais poursuivre l'œuvre de son mari et lutter pour une Russie libre. En 2020, Ioulia Navalnaïa avait obtenu que son mari soit emmené à Berlin pour y être soigné après un empoisonnement. A la suite d'un traitement réussi, l'opposant avait décidé de retourner en Russie, avant d'y être emprisonné.