La situation se tend désormais en Europe, qui doit se réorganiser en matière de politique de sécurité. En effet, les Etats-Unis négocient directement avec la Russie, l'Ukraine doit se préparer à perdre du territoire et Donald Trump a annoncé vouloir acheter le Groenland. Cependant tous les pays européens ne perçoivent pas la menace de la même manière, et chaque Etat se prépare différemment, souligne Remo Reginold, directeur du Swiss Institutes for Global Affairs (SIGA) pour Blick.
Ce sont surtout les pays européens proches de la ligne de front qui prennent à présent des mesures concrètes pour se protéger. Voici comment les principaux concernés se préparent militairement face à la menace.
La Finlande
La Finlande, qui partage une frontière de 1340 kilomètres avec la Russie, est à la pointe en ce qui concerne les efforts sécuritaires. Avec une clôture de 200 kilomètres de long, une artillerie puissante et des soldats bien formés, Helsinki travaille méticuleusement à la défense de son territoire contre la Russie en cas d'urgence. La barrière, qui est encore en cours de construction, devrait être terminée plus tôt que prévu, rapporte l'agence de presse finlandaise «Yle». Les récents développements géopolitiques ont vraisemblablement accéléré la construction de manière concrète.
Les pays baltes
Parmi les Etats «en première ligne», les pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) ressentent la menace russe de manière aiguë. La principale inquiétude de ces nations concerne un éventuel retrait des troupes américaines. En effet, bien que Donald Trump ait exprimé à plusieurs reprises son intention de ne pas retirer «toutes les troupes», des experts européens en sécurité n'écartent pas cette possibilité. Face à cette incertitude, les pays baltes tentent de renforcer leur défense aérienne de manière significative. Parallèlement, ces pays sensibilisent activement leurs citoyens en organisant des événements et en fournissant des listes de contrôle détaillées sur les actions à entreprendre en cas de guerre.
Le Danemark
La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a déclaré mercredi lors d'une conférence de presse au Danemark: «Je ne peux plus dire que nous sommes en temps de paix.» Elle estime par ailleurs que l'armée danoise n'est pas suffisamment préparée pour réagir de manière adéquate à une menace de guerre. Contrairement à d'autres pays, le Danemark ne se concentre pas uniquement sur la Russie. Les Etats-Unis attirent également l'attention du pays scandinave. Le président américain Donald Trump a à plusieurs reprises exprimé son intention d'acheter le Groenland.
Pour «signaler une dissuasion», le Danemark envisage de renforcer ses capacités militaires, explique Remo Reginold. Il poursuit: «En raison de sa situation géographique, le Danemark a toujours été une zone frontalière», explique l'expert. «De plus, le Danemark est membre du Conseil de l'Arctique, où la coopération est actuellement très difficile, car la Russie en est également membre.» Par ailleurs, un autre facteur contribuant à la militarisation provient, selon l'expert, de la Chine: «Elle a un grand intérêt pour l'Arctique et peut, via la Russie, faire valoir ses intérêts.»
La Pologne
A la suite de l'élection de Donald Trump, la Pologne souhaite renforcer davantage sa propre sécurité et se prépare désormais à un éventuel retrait de troupes. A cet effet, le pays a lancé un système de défense nommé «Ostschild». Ce nouveau système d'armement comprend des positions de défense contre les tanks et les drones, ainsi que des obstacles physiques tels que des blocs de béton. Un haut grillage frontalier constituera la première barrière, suivi de barbelés. Ensuite, des systèmes de défense contre les drones, des mines, des fossés et des bunkers seront installés.
Toujours selon Remo Reginold, lui-même présent à la conférence sur la sécurité de Munich, le consensus général en Europe est effectivement qu'il est nécessaire de renforcer les capacités de défense. Cependant, il souligne que «des investissements élevés ne garantissent pas nécessairement de meilleurs résultats». La question cruciale est de savoir où prendre les fonds et où des économies pourraient être réalisées si le budget de la défense est augmenté. En outre, il constate que les pays évitent cette discussion.
La Grande-Bretagne
Comme le rapporte le «Telegraph», dans le cadre d'un vaste exercice de l'OTAN intitulé «Flèche Inébranlable», les soldats du Royaume-Uni se préparent à des situations réelles: ils s'entraînent à l'utilisation de grenades, de cartouches à blanc et de munitions.
L'OTAN semble donc envoyer un message clair au Kremlin. Dans la logique de l'escalade, il s'agit d'abord de dissuasion et ensuite seulement en second lieu de capacité de défense. «Je me demande seulement s'il n'est pas déjà trop tard pour cette logique de dissuasion, car la mise en place d'infrastructures d'armement et de préparation à la défense devrait prendre des années», remarque le directeur du SIGA.