C'est une affirmation de Vladimir Poutine: «Il n'y a plus que des soldats professionnels sur le terrain en Ukraine.» À en croire le président russe, il n'y a donc plus de nouveaux conscrits ou de réservistes russes sur le front, mais uniquement les troupes déjà engagées.
La nouveauté, c'est l'arrivée de mercenaires tchétchènes et syriens ainsi que le fameux groupe Wagner, qui fournissent à Poutine des renforts dont il a besoin. «Ces combattants sont bien plus expérimentés que les jeunes soldats», explique Benno Zogg, expert en sécurité de l'École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ).
Outre les raisons militaires, ce choix cache surtout des motifs politiques, assure l'universitaire. Car la pression sur Vladimir Poutine augmente à l'intérieur des frontières: un «Comité des mères de soldats» s'est formé, parce que de nombreux proches de militaires n'ont plus de nouvelles depuis plusieurs jours. L'organisation envisage par ailleurs d'enquêter sur les dysfonctionnements de l'armée.
Des mères désespérées
L'homme fort du Kremlin a assuré «comprendre les inquiétudes» des mères, épouses et autres proches des soldats russes engagés. «Vous pouvez être fiers d'eux. Tout le pays est fier d'eux», a assuré Vladimir Poutine.
Pas sûr que cela suffise à rassurer l'entourage des militaires russes. De nombreuses mères désespérées cherchent absolument à obtenir des nouvelles de leurs enfants. Elles harcèlent le ministère de la Défense et les organisations humanitaires sur le terrain pour savoir où se trouvent leurs fils.
Selon l'Ukraine, plusieurs milliers de soldats russes sont déjà morts dans la guerre et des centaines ont été capturés. Ces informations ne peuvent toutefois pas être vérifiées de manière indépendante.
Les soldats ne savaient pas
Les mères racontent que leurs fils ont été forcés de signer un contrat après douze mois de service militaire obligatoire. Plusieurs soldats s'accordent à dire qu'ils ont effectué leur service dans l'est du pays et qu'ils ont reçu l'ordre d'envahir l'Ukraine, alors qu'ils se réjouissaient déjà de rentrer chez eux.
L'utilisation de mercenaires a de nombreux avantages pour Vladimir Poutine. Si les combats terrestres venaient à s'intensifier et faire de nombreuses victimes, le président russe pourrait faire porter le chapeau à ses troupes étrangères, les exfiltrer si besoin est, et les traduire en justice par la suite.
«Ces étrangers sont de la simple chair à canon aux yeux du président russe, affirme Benno Zogg. Ils permettent à Vladimir Poutine d'assurer des missions risquées, tout en réduisant la pression à l'interne du pays et le nombre de victimes russes du conflit.»