Publiées lundi et adressées aux services chargés d'examiner les demandes de naturalisation, elles prévoient que le dossier d'une personne entrée au Royaume-Uni de façon irrégulière soit d'une manière générale rejeté, quel que soit le temps passé dans le pays. Les demandes de naturalisation continueront toutefois à faire l'objet d'un examen au cas par cas. Le ministère de l'Intérieur a précisé mercredi qu'il existait déjà auparavant «des règles pour empêcher ceux qui arrivent illégalement d'acquérir la nationalité».
«Cette directive renforce les mesures en place pour qu'il soit clair que quiconque entre illégalement au Royaume-Uni, notamment à bord de bateaux, encourt un refus de sa demande d'obtention de nationalité britannique», a indiqué un porte-parole dans un communiqué transmis à l'AFP.
Le gouvernement de Keir Starmer reprend ainsi en partie un projet de son prédécesseur conservateur Rishi Sunak. Les autorités travaillistes sont sous pression sur ce sujet, face à la montée dans les sondages du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a fait une percée lors des législatives de juillet en remportant cinq sièges au Parlement.
Un durcissement jugé injuste
Mais ce durcissement a été critiqué dans les rangs du Labour. «Si nous accordons le statut de réfugié à quelqu'un, il n'est pas juste de lui refuser ensuite la possibilité de devenir un citoyen britannique», a dénoncé la députée travailliste Stella Creasy sur X. L'ONG Free Movement, spécialisée dans la politique migratoire et d'asile, a estimé que ces changements étaient susceptibles d'"empêcher un grand nombre de réfugiés d'être naturalisés» et qu'ils étaient «dommageables pour l'intégration».
Les députés britanniques ont par ailleurs commencé à examiner cette semaine un projet de loi contre l'immigration irrégulière qui s'inspire de la législation antiterroriste pour s'attaquer aux réseaux de passeurs.
Le gouvernement travailliste de Keir Starmer a abandonné le projet controversé des conservateurs d'expulser des migrants vers le Rwanda, mais il s'est engagé à réduire l'immigration – légale comme illégale – au Royaume-Uni. Quelque 36.816 migrants sont parvenus à traverser la Manche à bord de petits bateaux depuis la France en 2024, soit 25% de plus qu'en 2023, selon le ministère britannique de l'Intérieur.