L'avenir s'assombrit de plus en plus pour Volodymyr Zelensky. Donald Trump arrive avec une nouvelle condition, emboitant le pas à Vladimir Poutine: il exige des élections en Ukraine avant toute conclusion d'un accord de paix.
«Nous avons une situation où il n’y a pas eu d’élections en Ukraine, où nous avons la loi martiale, essentiellement la loi martiale en Ukraine», a déclaré le président américain lors d'une conférence de presse à Mar-a-Lago, mardi soir 19 février. Ses déclarations interviennent après des discussions à Riyad entre Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, et Marco Rubio, chef de la diplomatie américaine, portant sur les conditions d'une fin de conflit.
Donald Trump a également affirmé que Volodymyr Zelensky ne bénéficiait que de 4% d'approbation, un chiffre démenti par les sondages, qui le placent au-dessus de 50%, rapporte «The Telegraph». Cette nouvelle exigence soulève des inquiétudes quant à la possibilité d'une ingérence russe dans les élections afin d'évincer l'actuel président ukrainien et ainsi installer un candidat pro-poutine, favorable aux conditions de paix de Moscou.
Une idée de Trump, pas des Russes
Selon le calendrier initial, le mandat de Volodymyr Zelensky devait s’achever en mai dernier. Mais l’offensive russe lancée en février 2022, la plus vaste en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, a bouleversé la donne, entraînant l’instauration de la loi martiale en Ukraine. Peu importe pour Donald Trump, qui persiste et signe: «Si l'Ukraine veut s'asseoir à la table des négociations, il faudrait bien que le peuple s'exprime, non ? Cela fait longtemps qu'il n'y a pas eu d'élections.»
Et le président américain va plus loin, rejetant la responsabilité du conflit sur l'Ukraine. Il a affirmé, à tort, que Kiev avait déclenché la guerre contre la Russie, ignorant le fait que Moscou a lancé son offensive en bombardant l’Ukraine.
Face à ceux qui voient dans cette demande d’élections une idée soufflée par Vladimir Poutine – qui remet régulièrement en question la légitimité de Zelensky depuis la fin officielle de son mandat –, Trump se défend: «C’est une idée qui vient de moi et de nombreux autres pays également. Vous savez, l’Ukraine est en train d’être anéantie.» Mais sans préciser quels seraient ces autres Etats partageant sa position.
Zelensky fulmine
Quelques heures avant la prise de parole de Donald Trump, Volodymyr Zelensky avait déjà dénoncé l'exigence russe d'organiser de nouvelles élections comme condition à un éventuel accord de paix. Il a affirmé qu'il ne se contenterait pas des «ultimatums» de Vladimir Poutine.
Dans une interview accordée la semaine dernière à «The Economist», le président ukrainien avait déjà répondu à la pression croissante pour un scrutin national. «Comment pourrait-on organiser un vote dans une ville comme Kharkiv, qui est quotidiennement sous le feu de la Russie?», s’est-il interrogé ironiquement. Il a également insisté sur le fait que le pouvoir ukrainien n’était pas corrompu, ajoutant que c'est d'ailleurs ce qui distingue Kiev du Kremlin.
Ecarté des discussions entre Washington et Moscou, Volodymyr Zelensky a annulé sa visite à Riyad, prévue ce mercredi. «Je ne sais pas qui restera là-bas et qui partira et, honnêtement, je m’en fiche», a-t-il lâché. Si, pour une fois depuis longtemps, Russes et Américains semblent sur la même ligne, l’Ukraine et l’Union européenne sauront-elles, elles aussi, s’accorder?