Le plan de Trump fait monter la tension
«Poutine va sûrement mourir bientôt»: Zelensky durcit le ton avant de négocier

Pour la première fois, les Etats-Unis ont révélé certains détails de leur plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Dans une interview pour «The Economist», Voldymyr Zelensky a réagi en tentant tant bien que mal de mettre la pression sur Donald Trump et le Kremlin.
Publié: 06:00 heures
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Dernière mise à jour: 08:35 heures
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Dans une interview pour «The Economist», Volodymy Zelensky est revenu sur le plan de Trump et sur les négociations à venir.
Photo: keystone-sda.ch
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Janine Enderli

Pour la première fois, Washington a révélé publiquement, mercredi 12 février, certains détails du plan de paix de Donald Trump pour mettre fin à la guerre en Ukraine, confirmant en grande partie les informations révélées par la presse au cours de la dernière semaine

A la lecture de ce plan, il semble évident que l'Ukraine a été très peu, voire pas du tout, impliquée dans l'élaboration des différentes mesures. Dans une interview accordée au journal américain «The Economist», le président ukrainien Volodymyr Zelensky explique que ses contacts avec le nouveau président des Etats-Unis sont minimes et qu'ils se résument à « quelques appels».

Le Pentagone sème un vent de panique

Lors d'une réunion sur l'Ukraine à Bruxelles ce mercredi, qui avait pour but de coordonner les livraisons d'armes pour Kiev, le nouveau ministre américain de la Défense Pete Hegseth a jugé «irréaliste» que l'Ukraine retrouve ses frontières d'avant 2014, et donc qu'elle récupère la Crimée. Une adhésion à l'OTAN, n'est non plus «pas réaliste», a-t-il ajouté. De quoi accroitre un peu plus l'inquiétude des Européens et des Ukrainiens.

Ces derniers craignent par ailleurs que Donald Trump et Vladimir Poutine ne les excluent des négociations et parviennent seuls à un accord. Une peur qui a probablement été exacerbée mercredi par l'appel téléphonique du président américain au chef du Kremlin et par la rencontre annoncée dans la foulée. Mercredi Vladimir Poutine a même officiellement invité Donald Trump à Moscou, évoquant des «négociations immédiates sur l'Ukraine». 

Face à ce contexte défavorable, Zelensky tente tant bien que mal de mettre la pression sur les Américains et de les mettre en garde contre une exclusion de l'Ukraine des négociations, ce que Poutine souhaite plus que tout. Depuis, Trump et Zelensky se sont, eux aussi, parlés par téléphone, sans toutefois que cela ne change quoi que ce soit à l'incertitude qui règne du côté de Kiev.

Négocier avec un «assassin», un compromis suffisant

D'autant que le président ukrainien n'entend pas céder face à Trump sur la question de l'OTAN. Accepter de négocier avec Pourtine «l'assassin» est un compromis déjà largement suffisant, déclare-t-il à «The Economist». L'Ukraine est prête à négocier, mais uniquement avec des garanties de sécurité qui dissuaderaient la Russie d'une nouvelle agression.

«Personne ne comprend ce qu'est la guerre tant qu'elle n'est pas chez vous. Même si vous ne menacez personnes, elle viendra à vous», a martelé Zelensky. Il l'assure: la Russie est en train de s'équiper afin de mener des exercices à grande échelle dans le pays voisin, la Biélorussie, exactement comme elle l'avait fait à la veille de l'invasion de l'Ukraine en février 2022. 

Pour ce qui est de la question de son propre avenir et d'une potentielle réélection, Zelensky explique qu'il n'y pense pas pour le moment. L'envoyé spécial de Trump pour l'Ukraine, Keith Kellogg, avait déclaré que l'Ukraine était en mesure d'organiser des élections malgré la guerre. Une position fermement contestée par le président ukrainien.

Vladimir va «bientôt mourir»

«Comment pourrait-on organiser un scrutin dans une ville comme Kharkiv, qui est quotidiennement sous le feu de la Russie?», demande ironiquement Zelensky, qui assure que le pouvoir n'est pas corrompu. C'est d'ailleurs ce qui distingue selon lui de Kiev du Kremlin.

Le président ukrainien n'a qu'une priorité: négocier. Et il estime que Poutine a tout autant – si ce n'est davantage – intérêt à en faire de même: «Moi j'ai le temps, pas lui: il va surement mourir bientôt.» Le ton est donné.

Dans l'immédiat, Zelensky place tous ses espoirs dans la prochaine conférence de Munich sur la sécurité, au cours de laquelle une rencontre avec le vice-président américain J.D. Vance est prévue. «Nous pourrons discuter de certaines choses lors de cette rencontre», se réjouit-il, tout en restant prudent.

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