Le Premier ministre indien Narendra Modi est arrivé à Kiev vendredi pour une visite historique censée faire avancer les efforts diplomatiques en vue d'un «règlement pacifique» de l'invasion russe de l'Ukraine. Narendra Modi, dont le pays entretient traditionnellement d'excellentes relations avec Moscou, est le premier chef du gouvernement indien à se rendre en Ukraine. Il est arrivé à Kiev par le train de nuit depuis la Pologne, itinéraire traditionnel emprunté par les délégations officielles, les avions civils étant cloués au sol en Ukraine depuis le début de la guerre il y a deux ans et demi
Narendra Modia confirmé avoir «rejoint Kiev» sur X. Les chemins de fer ukrainiens ont publié sur les réseaux sociaux une courte vidéo sur laquelle on le voit sortir d'un wagon et saluer des responsables qui l'accueillent sur la plateforme. Jeudi en Pologne, Narendra Modi a déclaré qu'aucun conflit ne saurait jamais être «réglé sur un champ de bataille».
«Nous soutenons le dialogue et la diplomatie pour rétablir la paix et la stabilité dès que possible. Et, pour cela, l'Inde est prête à apporter toutes les contributions possibles avec ses pays amis», a-t-il lancé, au cours d'un point de presse avec son homologue polonais Donald Tusk. Narendra Modi a l'intention de discuter avec le président Volodymyr Zelensky des «perspectives de règlement pacifique du conflit ukrainien en cours», ainsi que de «l'approfondissement de l'amitié entre l'Inde et l'Ukraine», selon un communiqué diffusé mercredi par son cabinet.
L'Inde tente de maintenir un équilibre délicat entre la Russie, avec laquelle elle a noué de solides liens, et les nations occidentales, avec lesquelles elle cherche un rapprochement pour contrer la Chine, son rival régional.
Une accolade qui ne passe pas
Le Premier ministre indien a évité de condamner explicitement l'invasion russe de l'Ukraine qui a commencé en février 2022 et l'Inde s'est toujours abstenue au moment des votes de résolutions de l'ONU pouvant être hostiles à Moscou. Début juillet, il était allé à Moscou juste après des frappes russes sur plusieurs villes d'Ukraine qui avaient provoqué la mort de dizaines de personnes et sérieusement endommagé un hôpital pour enfants à Kiev.
Au cours de ce voyage, Narendra Modi et Vladimir Poutine s'étaient pris dans les bras l'un de l'autre, tout sourire, avant que le président russe ne remette une décoration à son invité. Le chef du gouvernement indien avait salué leurs échanges «fructueux» et «des décisions importantes pour renforcer la coopération» bilatérale dans «le commerce, la sécurité, l'agriculture, la technologie». Le président Zelensky, excédé par cette visite, l'avait qualifiée de «coup dévastateur pour les efforts de paix».
Plusieurs autres puissances, à commencer par la Chine, ont essayé, depuis le début de la guerre, de faire office de médiateur pour mettre fin à ce conflit qui bouleverse l'équilibre géopolitique mondial. Sans succès, pour l'heure, tant les exigences des uns et des autres semblent inconciliables.
La Russie, fournisseur clé d'armes et de pétrole pour l'Inde
Vladimir Poutine a déclaré qu'un cessez-le-feu et des pourparlers n'étaient possibles que si Kiev cédait les régions dont la Russie revendique l'annexion et renonçait à vouloir intégrer l'Otan, des conditions inacceptables pour l'Ukraine et ses alliés occidentaux. Le déclenchement, le 6 août, d'une offensive ukrainienne surprise sur le sol russe, dans la région frontalière de Koursk, a soulevé encore plus d'incertitudes, tandis que les troupes russes continuent parallèlement de gagner du terrain dans l'est de l'Ukraine.
Kiev a expliqué que cette opération devait servir de moyen de pression en vue de négociations «équitables». Mais le Kremlin, en début de semaine, a affirmé qu'il était hors de question d'entamer des pourparlers du fait de cette attaque sur le territoire russe. La Russie est un fournisseur clé d'armes et de pétrole bon marché à l'Inde, même si la confrontation de Moscou avec les Occidentaux et ses liens plus étroits avec la Chine dans le contexte du conflit en Ukraine ont eu un impact sur ses relations avec New Delhi.
Membre des BRICS aux côtés de la Russie et de la Chine, comme de l'Organisation de la coopération de Shanghai (OCS), l'Inde est partisane d'un monde multipolaire et continue parallèlement de développer sa coopération dans le domaine de la sécurité avec Washington.