Le président russe Vladimir Poutine est dans ses petits souliers. Sans grande résistance, les troupes ukrainiennes ont envahi la Russie le 6 août près de Soumy et ont entre-temps conquis 82 localités sur environ 1150 kilomètres carrés.
Le président Volodymyr Zelensky l'assure: avec cette «contre-invasion», les Ukrainiens veulent créer une «zone tampon sur le territoire de l'agresseur». Et ils semblent en bonne voie pour y parvenir, les soldats de Poutine peinant à défendre leur territoire.
Les Ukrainiens sont déjà parvenus à détruire trois ponts importants et à freiner ainsi l'approvisionnement des troupes russes. Selon le mouvement antiguerre géorgien Idite Lesom, les troupes ukrainiennes, fortes d'environ 12'000 hommes, auraient en outre déjà fait rès de 2000 soldats russes. prisonniers.
Beaucoup d'inexpérimentés sur le front
Et l'Ukraine a tout intérêt à avoir un maximum de prisonniers. Car ceux-ci peuvent être échangés contre le plus grand nombre possible d'Ukrainiens détenus chez l'ennemi. Les soldats de Poutine capturés seraient quant à eux principalement de jeunes soldats enrôlés dans l'armée depuis deux mois à peine.
La défense russe a certes réussi à infliger aux Ukrainiens des pertes massives de matériel de valeur comme des chars, des véhicules blindés et des armes lourdes, écrit le magazine économique «Forbes». Mais les Ukrainiens n'en semblent pas moins inarrêtables.
Mauvaise stratégie des Russes
Selon Marcel Berni, stratège à l'Académie militaire de l'EPFZ, trois raisons expliquent en grande partie le succès ukrainien:
- La percée a été surprenante et l'expansion est continue. «Face à cela, les Russes n'ont jusqu'à présent réagi que lentement et de manière non-coordonnée», explique Marcel Berni.
- Au lieu de recourir à des troupes du Donbass rompues aux combats, Moscou mise sur des conscrits moins expérimentés.
La distance géographique entre le Donbass et Koursk rend difficile le déplacement rapide des troupes. «C'est pourquoi l'Ukraine attaque désormais les voies d'approvisionnement et les ponts», affirme le stratège.
En Russie, il est en outre de plus en plus difficile de recruter des soldats – et ce, bien que les possibilités de gagner sa vie soient très bonnes et que de nombreux avantages soient offerts, comme des hypothèques avantageuses. Ulrich Schmid, de l'Université de Saint-Gall déclare à Blick: «Malgré la propagande, on connaît désormais très bien en Russie les risques élevés d'une intervention de combat en Ukraine.»
Poutine en proie à la discorde
La riposte ukrainienne place Vladimir Poutine face à un dilemme. «D'un côté, il doit s'accrocher au mythe qu'il a lui-même créé de l'invincibilité de l'armée russe, de l'autre, il doit repousser l'attaque ukrainienne», explique Ulrich Schmid.
Selon lui, tout son capital politique au cours des vingt dernières années repose sur le fait qu'il a pu se présenter comme le garant de la sécurité et de la stabilité. «Et maintenant, Vladimir Poutine n'est même pas en mesure de défendre les frontières ancestrales de son propre pays», poursuit l'expert.
Vladimir Poutine va-t-il chercher la bombe atomique?
Les Ukrainiens sont certes sur la voie du succès en Russie, mais ils évoluent dans un terrain périlleux. Moscou a régulièrement menacé Kiev de recourir à la bombe atomique en cas de franchissement de certaines «lignes rouges».
Des menaces nucléaires pourraient à nouveau être proférées aujourd'hui. Mais les Ukrainiens ne croient manifestement pas qu'elles seront mises à exécution, comme ils le montrent avec leur suprenante initiative. «La Russie a peur d'une riposte américaine en réponse à l'utilisation d'armes de destruction massive», explique Marcel Berni. Ce dernier pense que la guerre, bien qu'elle s'intensifie, continuera à être menée par les deux parties dans un cadre conventionnel.