Le nouveau Premier ministre du Groenland a affirmé dimanche que cette vaste île arctique ne serait jamais une «propriété» à vendre. Il a jugé «irrespectueux» les propos américains sur une annexion de ce territoire autonome danois.
Les tensions sont fortes entre Washington et Copenhague depuis que Donald Trump a, à plusieurs reprises, averti qu'il voulait prendre le contrôle de ce territoire autonome danois, invoquant des raisons de sécurité et refusant d'exclure le recours à la force pour s'en emparer. «Nous ne serons jamais, au grand jamais, une propriété que quiconque peut acheter et c'est le message qu'il me semble le plus important de comprendre», a déclaré Jens-Frederik Nielsen devant la presse, au côté de la Première ministre danoise Mette Frederiksen.
Première visite au Danemark
Il s'agit de sa première visite au Danemark depuis qu'il a pris la tête d'un gouvernement de coalition, après la victoire en mars aux élections législatives groenlandaises de son parti de centre droit, Les Démocrates. «Nous nous trouvons désormais dans une situation où nous devons rester unis», a encore dit M. Nielsen, avant d'estimer que «les propos des Etats-Unis n'ont pas été respectueux». «Je suis tout à fait d'accord», a renchéri Mme Frederiksen.
Quand Donald Trump dit vouloir acheter le Groenland, ce n'est «pas une blague», avait assuré fin janvier le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio, «Je pense que nous en avons besoin pour la paix internationale et, si nous ne l'avons pas, cela constituera une menace majeure pour notre monde. Je pense donc que le Groenland est très important pour la paix internationale», a dit M. Trump jeudi aux journalistes.
«Les Etats-Unis n'obtiendront pas le Groenland»
Son vice-président, JD Vance, s'est quant à lui rendu le 28 mars sur la base militaire américaine de Pituffik, un déplacement que tant le Danemark que le Groenland ont perçu comme une provocation. M. Vance avait alors accusé le Danemark de n'avoir «pas fait du bon travail pour le peuple du Groenland», lui reprochant en particulier de ne pas y avoir suffisamment investi. Le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Løkke Rasmussen, avait alors affirmé: «Nous sommes ouverts aux critiques, mais permettez-moi d'être tout à fait honnête, nous n'apprécions pas le ton sur lequel elles sont formulées.» Jens-Frederik Nielsen avait pour sa part déclaré: «Les Etats-Unis n'obtiendront pas le Groenland. Nous n'appartenons à personne d'autre. Nous décidons de notre propre avenir».
Dimanche, M. Nielsen a toutefois réaffirmé que son gouvernement était disposé à approfondir les liens avec les Etats-Unis. «Nous sommes prêts à un partenariat solide, nous sommes prêts à davantage de développement mais nous voulons le respect», a-t-il lancé. «On ne peut pas avoir de partenaire sans respect mutuel». Sa visite de deux jours au Danemark intervient après celle début avril dans l'île de la Première ministre danoise qui avait alors martelé, s'adressant aux dirigeants américains: «Vous ne pouvez pas annexer un autre pays».
Souhait d'indépendance
Dans un communiqué annonçant la visite de M. Nielsen, le gouvernement danois a souligné cette semaine que la coopération bilatérale serait au centre des entretiens. «Nous devons nous soutenir mutuellement dans la situation de politique étrangère difficile dans laquelle se trouvent actuellement le Groenland et le Royaume» du Danemark, a insisté Mette Frederiksen.
A Copenhague, M. Nielsen rencontrera aussi le roi Frederik X et des membres du Parlement. La Maison royale du Danemark a fait savoir que le roi partirait lundi pour le Groenland où il doit rester jusqu'à jeudi. Selon les sondages, la grande majorité des 57'000 habitants de ce territoire autonome danois souhaitent leur indépendance et ne veulent pas qu'il soit annexé par les Etats-Unis.