Le destin de Mohammed Hassan avait fait la une des journaux du monde entier. Il y a un peu plus d'un mois, sa mort effroyable avait suscité une indignation planétaire. Pour rappel, ce père de famille, employé par une entreprise d'expédition, avait aidé des alpinistes à escalader le K2, la deuxième plus haute montagne du monde. Il était mort à 8200 mètres, enjambé par des membres de l'expédition alors qu'il était en train d'agoniser.
Ce jour-là, personne n'était venu en aide au mourant. Pressés, les alpinistes de l'expédition n'avaient manifestement qu'une seule priorité: atteindre le sommet de la montagne de 8611 mètres. Une attitude qui avait valeur de condamnation à mort pour le guide de montagne de 27 ans.
Suite aux faits évoqués ci-dessus, le gouvernement pakistanais avait annoncé qu'il allait enquêter sur le drame du K2. L'enquête est désormais terminée. Le rapport comporte 70 pages, mais la question de la culpabilité n'est abordée qu'indirectement. On apprend surtout que Mohammed Hassan n'aurait pas dû participer à une expédition pour laquelle il n'était pas qualifié.
Le manque d'argent a poussé Mohammed Hassan
C'était la première fois que le Pakistanais se trouvait à plus de 8000 mètres d'altitude. Auparavant, il travaillait comme «Low Alitude Porter» et se contentait de transporter le matériel des autres jusqu'aux camps de base. Mohammed Hassan ne possédait absolument pas l'équipement adéquat ni l'expérience nécessaire, peut-on lire dans le rapport.
Ce père de trois enfants avait reçu 722 francs de son employeur «Lela Peak Expedition» pour son équipement, mais comme sa famille est très pauvre, il avait semble-t-il préféré économiser cet argent.
Le rapport des autorités ne dit pas si Mohammed Hassan aurait pu être sauvé par une action coordonnée et davantage de secouristes. Quoiqu'il en soit, son employeur, «Lela Peak Expedition», voit ses activités suspendues pendant deux ans.
Personne n'a remis en question l'opération suicide
À l'avenir, il faudra veiller à ce que les porteurs aient suffisamment d'expérience et l'équipement nécessaire pour ce type d'expéditions dangereuses. Par ailleurs, des équipes de secours devront également accompagner les alpinistes. Il ne s'agit toutefois que de recommandations émises par les autorités, et non des mesures contraignantes.
Fait sordide: l'employeur refuse toujours de verser le salaire de Mohammed Hassan à la famille de la victime, au prétexte qu'il n'a pas rempli sa mission. L'Autrichien Willi Steindl était présent lors de la tragédie, mais il avait interrompu son expédition. L'alpiniste a mis en place une œuvre de bienfaisance pour la famille de Mohammed Hassan. 160'000 euros ont déjà été récoltés.