Le président italien Sergio Mattarella a provoqué la fureur de Moscou en dressant un parallèle entre l'agression russe contre l'Ukraine et le Troisième Reich, provoquant un regain des tensions déjà fortes entre les deux pays autrefois proches. Cette sortie du chef de l'Etat italien «ne peut pas rester et ne restera pas sans conséquences», a cinglé dimanche soir Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe, alors que les relations entre les deux pays sont déjà fortement dégradées depuis que la péninsule, auparavant plutôt prorusse, s'est fermement rangée derrière Kiev.
Les propos de Sergio Mattarella, figure au ton modéré très respectée dans son pays, remontent au 5 février, alors qu'il s'exprimait à l'Université d'Aix-Marseille, dans le sud de la France, sur les causes de la Seconde Guerre mondiale. Il avait rappelé l'avènement de «régimes despotiques et illibéraux» ayant conduit à «l'accentuation d'un climat de conflit», faisant prévaloir «le critère de la domination» et aboutissant à «des guerres de conquête». «Tel était le projet du Troisième Reich en Europe. L'agression russe d'aujourd'hui contre l'Ukraine est de cette nature», avait-il conclu.
«Des parallèles historiques scandaleux»
Une analogie a piqué au vif le pouvoir russe, qui a justement eu recours à plusieurs reprises à ce type de comparaison pour justifier son invasion en Ukraine. «Malheureusement, l'Italie est le pays où le fascisme est né», a lancé dimanche Maria Zakharova, s'étonnant des déclarations de Sergio Mattarella, «qui sait combien de soldats italiens ont tué nos grands-pères et nos arrière-grands-pères sur notre territoire pendant la Seconde Guerre mondiale sous des bannières et des slogans nazis».
Elle avait déjà dénoncé vendredi «des parallèles historiques scandaleux et manifestement faux entre la Fédération de Russie et l'Allemagne nazie», rappelant à M. Mattarella que l'Italie était dirigée pendant la Seconde guerre mondiale par le régime fasciste de Benito Mussolini, allié du Troisième Reich d'Adolf Hitler. L'Union soviétique était alors alliée des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. La Première ministre italienne Giorgia Meloni avait alors réagi en affirmant que «les insultes» de Maria Zakharova étaient «une offense à toute la nation italienne».
Lundi, l'ensemble de la classe politique italienne, de droite comme de gauche, s'est de nouveau rangée derrière M. Mattarella face aux attaques russes. La cheffe du Parti démocrate (PD, centre-gauche) Elly Schlein les a ainsi jugées «inacceptables». L'Italie entretenait avant le conflit de bonnes relations avec Moscou. L'ancien Premier ministre Silvio Berlusconi était un ami personnel de Vladimir Poutine, avec lequel il passait des vacances.